Sauver ou périr: renaître de ses cendres
La figure mythique et héroïque du pompier est approfondie dans Sauver ou périr, le second film de Frédéric Tellier.
Il y a quelques années, Frédéric Tellier s’était intéressé au quotidien d’un jeune inspecteur dans L’affaire SK1. Les histoires vraies semblent le passionner. Tout comme les professions nobles où le protagoniste finit par s’isoler à l’intérieur d’un groupe.
«J’avais cette fois envie de traiter l’histoire d’un personnage qui perdrait tout et qui devrait se reconstruire grâce à son énergie vitale», raconte le réalisateur, rencontré lors des Rendez-vous du cinéma français à Paris.
Un fait divers a inspiré cette version moderne du Livre de Job. En se sacrifiant pour sauver ses hommes, un sapeur-pompier (Pierre Niney) est brûlé sérieusement, au grand désarroi de son amoureuse (Anaïs Demoustier).
«Je ne voulais pas faire un film complètement de cinéma. Je voulais qu’on soit dans la vraie vie. Or, le risque d’être dans la vraie vie, c’est que ce n’est pas aussi joli qu’au cinéma.» – Frédéric Tellier, réalisateur de Sauver ou périr
«J’ai beaucoup d’affection pour les victimes et je crois que ces personnes sont des héros, explique le metteur en scène, qui a longtemps œuvré à la télévision. En fait, notre héros n’est pas un héros tant qu’il ne devient pas le héros de lui-même dans la deuxième partie du film.»
Un long et tortueux chemin initiatique dans la pénombre, où regagner la lumière risque d’altérer son identité à jamais.
L’intimité est ainsi privilégiée, ce qui tranche avec la majorité des longs métrages et séries télévisées de ce populaire genre.
«Ça m’intéresse toujours de lever le voile et de découvrir l’être humain derrière la fonction, révèle le créateur. De pousser plus loin, d’explorer sa psychologie, son investissement, ses relations avec sa famille et ses proches. Je trouvais ça plus intéressant que de traiter un superhéros en tenue, que tout le monde admire et qui vend des calendriers.»
La quête de réalisme est ainsi une des obsessions de Frédéric Tellier. Celle d’être rigoureux dans chacune des situations, de mettre sa mise en scène au service de la vérité.
«Avec les acteurs, nous sommes allés voir des personnes qui ont eu des accidents de la vie, pas seulement des grands brûlés, explique le cinéaste. Quand on tournait, je leur disais ça : “Est-ce que tu penses que Robert, qu’on a vu, aurait fait ça?”»
De quoi renforcer l’impact de l’interprétation. En plus d’être deux des comédiens les plus talentueux de leur génération, Pierre Niney et Anaïs Demoustier semblent littéralement brûler l’un pour l’autre, marquant au fer blanc cette production.
«J’essaie d’être très précis sur l’écriture pour laisser les acteurs s’exprimer, note Frédéric Tellier. Je n’aimerais pas diriger un acteur. J’ai plus la sensation de l’accompagner par rapport à la matière que je lui fournis. Je me mets un peu en transe avec lui sur l’émotion pour que le travail de son âme puisse sortir.»