Non à la gratuité scolaire!
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a définitivement rejeté l’idée de la gratuité scolaire dans les universités.
Pour le gouvernement Marois, qui a décidé d’assainir les finances publiques, un tel projet était clairement impensable. La gratuité des études universitaires impliquerait une perte de revenu qu’il faudrait remplacer par des investissements majeurs, incompatibles avec la lutte contre le déficit. En fait, les universités pourraient avoir à faire face à d’autres coupures bientôt, et on refuse de leur garantir un nouveau financement dans un avenir plus éloigné.
Le projet de la gratuité scolaire à l’université avait été mis de l’avant par l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ). Les autres associations étudiantes militent quant à elles pour un simple gel des frais de scolarité au niveau actuel. La position de l’ASSÉ était donc plus radicale que celle des autres associations. Pour elle, la gratuité scolaire est indispensable pour permettre l’accès à l’université à toutes les couches de la société. Elle argumente que, tant qu’il faudra débourser pour accéder au savoir, les mieux nantis y accéderont toujours plus aisément.
Durant les années 1960, à l’époque du rapport Parent, nous avons rêvé d’instaurer la gratuité scolaire de la maternelle à l’université. À cette époque de forte croissance économique, un tel projet semblait réalisable. Une économie qui s’enrichit génère plus de revenus pour les gouvernements, qui sont alors en mesure de mieux financer les services d’éducation. Mais comme on le sait, la forte croissance économique de ces belles années s’est terminée durant les années 1980, et les gouvernements ont alors commencé à accumuler des déficits. Pour le Québec, les déficits accumulés depuis 30 ans représentent aujourd’hui une dette faramineuse de 253 G$, ou de 53 000 $ par travailleur.
Le ministre Duchesne a demandé aux étudiants de mettre de l’eau dans leur vin en vue du Sommet sur l’enseignement supérieur. Cela suggère que, face à la réalité des finances publiques, le gouvernement songe à une hausse des frais de scolarité, mais qui serait moins dramatique que celle préconisé par le gouvernement précédent, au risque de ne pas paraître crédible.
En fait, les étudiants devraient débourser pour leurs études. Comme le disent les économistes, ce qui ne nous coûte rien nous apparaît souvent dépourvu de valeur. Si les études étaient gratuites, cela ne ferait qu’encourager la désinvolture déjà observable chez bien des étudiants. Il est plus probable qu’on prenne ses études au sérieux quand on paie de sa poche et qu’on choisisse avec soin son programme de formation.
D’un autre côté, les universités sont des fiduciaires de fonds publics et ont comme responsabilité de les gérer de manière à ce que les frais demeurent aussi bas que possible. Voilà une question qui pourrait guider les discussions du sommet : quels seraient les frais de scolarité si les universités agissaient comme de vrais fiduciaires?