Santé mentale : une coéquipière à quatre pattes pour les intervenants
L’équipe du Programme de soutien et d’intervention clinique (PSIC) de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal utilise un nouvel outil inusité avec sa clientèle externe: une chienne Mira d’un an et demi, qui répond au nom de Preti.
La jeune bête de race Saint-Pierre visite la clientèle adulte en santé mentale dans leur milieu de vie, accompagnée par ses maîtresses, les psychoéducatrices Annie Desjardins et Léa Marie George. L’équipe mobile de soutien à domicile a la chance de travailler avec l’animal depuis mars. Preti fait ainsi le tour des 200 ressources en hébergement que l’équipe supervise et visite les clients qui en font la demande.
«On a vu récemment un monsieur que ça faisait 20 ans qu’il n’était pas sorti à l’extérieur, et il a demandé à aller promener le chien», illustre Léa Marie George, indiquant que les intervenantes n’auraient jamais eu cette attente envers ce résident, vu son anxiété.
«Ça apporte une confiance en soi que nos clients n’ont pas sans le chien.»
—Léa Marie George, psychoéducatrice
Gestion des émotions, habiletés sociales, lien de confiance, les deux intervenantes sont en mesure de constater tous les bienfaits qu’apporte leur nouvelle coéquipière. Les demandes abondent et les visites entraînent un effet boule de neige chez les résidents d’une même ressource.
«Au niveau de l’affirmation de soi, de donner des commandes à Preti, ça aide les gens à s’affirmer», a donné comme exemple Mme George, en parlant d’une cliente. «Si elle veut que Preti l’écoute, elle doit lever un peu le ton et c’est un gros défi pour elle, a continué Mme Desjardins; elle ne veut pas s’affirmer parce qu’elle a peur d’être jugée, de ne pas se faire aimer».
Les psychoéducatrices énoncent aussi la socialisation que le chien Mira apporte, car les gens ont tendance à venir leur parler lorsqu’elles sont avec Preti. Des conversations sont créées, alors que «les gens ne sont pas portés à venir vers nos clients, et nos clients ne sont pas portés à aller vers les gens non plus», explique Annie Desjardins. «Ça aide à briser les tabous», dit-elle.
Plusieurs milliers de dollars
C’est à la suite de plusieurs activités de zoothérapie avec une compagnie privée que l’idée d’acquérir un chien d’assistance s’est formée, en 2017. Avec l’aide financière de la Fondation de l’Institut, le projet a pu se concrétiser. «C’est un contrat de 5000$ par année, pour cinq ans. Après le chien est à nous», explique Annie Desjardins.
Faire travailler un animal dans une institution de santé n’est pas une tâche simple. Nouvelle dans l’aile, Preti s’adapte à son nouvel emploi, alors que le milieu lui-même s’habitue à sa présence. Toujours en laisse dans les corridors de l’hôpital, elle ne rentre jamais dans les unités de soin ni dans les ascenseurs, pour ne pas incommoder les patients. Une carte d’employé lui a été faite pour concrétiser son intégration au sein de l’équipe.
Les deux psychoéducatrices font la garde partagée. Preti a ainsi deux familles où vivre sa vie de chien, en dehors des heures au bureau. Lorsqu’une de ses maîtresses lui enlève son harnais de travail, Preti retrouve sa fonction d’animal de compagnie, prête à jouer et à rapporter des balles.