Une étude montre que la combinaison cannabis-opiacés est associée à des taux élevés d’anxiété
Une nouvelle étude américaine suggère que combiner opiacés et cannabis pour gérer les douleurs chroniques pourrait traduire une consommation problématique d’alcool, de tabac, de sédatifs ou de cocaïne.
Aux États-Unis, la crise des opiacés continue de faire des ravages. En 2017, 47 600 décès ont été attribués à une surdose d’opiacés, selon les Centres de contrôle des maladies (CDC). Ces médicaments qui contiennent des dérivés de l’opium sont généralement consommés pour soulager les douleurs chroniques.
A ce titre, l’usage du cannabis, et plus précisément du cannabidiol, peut représenter une alternative efficace pour réduire la consommation d’opiacés. Une dizaine d’États américains a légalisé le cannabis à usage récréatif, comme le Colorado ou la Californie. Ces États enregistrent une réduction d’au moins 20% des décès par overdose aux opiacés, d’après une étude publiée mercredi 7 août dans le journal Economic Inquiry.
Mais que se passe-t-il pour les patients qui combinent les deux solutions? C’est la question que s’est posée Andrew Rogers, doctorant à l’université de Houston (Texas, États-Unis). «Il est important de noter que la co-consommation de substances est généralement associée à de moins bons résultats que la consommation d’une seule substance, mais peu de travaux ont examiné l’impact de la co-consommation d’opioïdes et de cannabis», souligne le doctorant.
Une consommation plus importante d’alcool et de tabac chez les fumeurs de cannabis
Publiée dans le Journal of American Medicine, sa recherche a porté sur 450 adultes qui ont subi des douleurs intenses à modérées pendant plus de trois mois. L’objectif était d’analyser l’usage unique d’opiacés, comparativement à l’usage combiné d’opiacés et de cannabis, en tenant compte de la douleur, de l’état de santé mentale du patient et de son éventuelle consommation d’autres substances psychoactives.
L’étude a été réalisée sous la supervision de Michael Zvolensky, Hugh Roy et Lillie Cranz Cullen, professeurs de psychologie à l’université de Houston. L’analyse montre que, comparé aux patients qui ne consomment que des opiacés, la co-consommation d’opiacés et de cannabis était associée à des symptômes élevés d’anxiété et de dépression, ainsi qu’à des problèmes de consommation de tabac, d’alcool, de cocaïne et de sédatifs.
«Ces résultats mettent en évidence une population vulnérable de consommateurs de plusieurs substances qui souffrent de douleur chronique et indiquent la nécessité d’une évaluation et d’un traitement plus complets de la douleur chronique», conclut Andrew Rogers.