Immeubles locatifs: Montréal «en discussions» avec Québec pour limiter les taxes
Montréal assure être «sensible» aux préoccupations de plusieurs organismes quant aux hausses de taxes pour les immeubles locatifs de six logements et plus, qui augmenteront de 4,5% en moyenne en 2020. Des discussions entre la Ville et le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) seraient en cours.
«Il faut nous aider à réviser la taxation, parce que pour l’instant, on peut toujours revoir à la hausse, mais pour une raison particulière, on ne peut pas la baisser. Ce n’est pas un pouvoir que la Ville possède en ce moment», a signalé mardi la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Le taux de variation moyen des taxes dépasse les 4% dans les immeubles locatifs de six appartements et plus à Montréal, pour une troisième année de suite. Dans certains secteurs, dont Côte-des-Neiges, l’augmentation de taxes frise les 6%. Ces hausses sont toutes survenues sous le règne de Valérie Plante.
Les taxes sont payées par les propriétaires, mais souvent refilées aux locataires au moment de renégocier les baux.
La mairesse assure qu’elle «essaie toujours de trouver des solutions». «Enlever des taxes à la porte est un bon exemple. Avant, peu importe si on habitait dans une maison unifamiliale ou un immeuble de six logements et plus, il y avait cette taxe à la porte pour l’eau. Déjà, on élimine ces frais-là, parce qu’ils avaient un impact», argue-t-elle.
Précarité grandissante
Au-delà des chiffres, Mme Plante reconnaît qu’il faut aller encore beaucoup plus loin pour s’attaquer au problème de précarité au logement.
«On est très sérieux dans notre volonté de faire en sorte que tous les citoyens puissent habiter Montréal. L’abordabilité, la mixité, on y pense. Ça passe aussi par l’aide aux locataires qui peuvent être plus vulnérables.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal
«On voudrait avoir un meilleur contrôle» de cette taxation, tonne le mairesse. Elle dit vouloir «mieux rééquilibrer» la situation par de nouveaux moyens législatifs.
Appelée à réagir, l’attachée de presse au cabinet du MAMH, Bénédicte Trottier-Lavoie, souligne que l’enjeu a été «abordé» lors d’une récente rencontre avec la Ville. «Une rencontre formelle devra avoir lieu à ce sujet», précise-t-elle, ajoutant que Québec étudiera la demande de Montréal «avec attention».
Des «nouveaux pouvoirs» de Québec
Pour la professeure spécialisée en gestion municipale à l’UQAM, Danielle Pilette, la Ville a raison de demander l’aide de Québec. «Le problème, c’est que pour les six logements et plus, on a déjà atteint le maximum de rabais de taxes qu’il est possible d’accorder à Montréal. Il faut attendre de nouveaux pouvoirs de Québec», avance-t-elle.
L’experte s’attend à ce qu’un projet de loi omnibus vienne combler les demandes de l’administration Plante «d’ici le mois de juin, avant la fin de la session parlementaire».
«Il y a déjà des ouvertures. Le gouvernement a déjà commencé à tenir compte du marché montréalais, entre autres dans la catégorie non-résidentielle. Maintenant, il faut le faire davantage pour le résidentiel. Ça prend plus de catégories d’immeubles pour ajuster la taxation.» -Danielle Pilette, spécialiste en gestion municipale
L’opposition se questionne
S’il reconnaît que la Ville ne peut abaisser les taxes actuellement, le chef de l’opposition, Lionel Perez, appelle à la recherche de solutions concrètes et immédiates.
«Ce n’est pas la première fois que Projet Montréal augmente bien au-delà de l’inflation. C’est préoccupant quand on sait que plusieurs personnes sont en position défavorisée. Chaque dollar compte», insiste-t-il, appelant les gouvernements à s’unir pour trouver une solution rapidement.
Hier, la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, s’était aussi inquiétée que la hausse de taxes soit «refilée aux locataires», alors que ceux-ci «font déjà face à des hausses de loyer».