Affaire Matzneff: Denise Bombardier au coeur de l’actualité
La romancière québécoise Denise Bombardier, qui avait fustigé dès 1990 l’attirance sexuelle de Gabriel Matzneff pour les jeunes adolescents, a salué le livre « courageux » et « remarquable » de l’éditrice Vanessa Springora sur ses relations passées avec l’écrivain .
« C’est un livre remarquable, courageux, d’une écriture chirurgicale », commente-t-elle.
Dans ce roman autobiographique, « Consentement », Vanessa Springora décrit comment elle a été séduite par Gabriel Matzneff, presque quinquagénaire, alors qu’elle n’avait même pas 14 ans.
« Elle raconte comment il l’a sodomisée, la première fois elle avait 13 ans et demi, elle croyait qu’il l’aimait, ensuite sa vie a été un enfer », relève Mme Bombardier. La propre mère de l’adolescente « savait qu’il était pédophile » et le recevait malgré tout « parce qu’il était un des bonzes de la littérature française ».
Depuis plusieurs jours circule sur les réseaux sociaux une vidéo où Bernard Pivot interroge sur un ton badin l’écrivain, dans son émission « Apostrophes » en mars 1990, sur son attirance sexuelle pour les « moins de 16 ans ».
Seule invitée à réagir, Denise Bombardier marque les esprits en jugeant que Gabriel Matzneff aurait « des comptes à rendre à la justice s’il n’avait pas une telle «aura littéraire».
Denise Bombardier a expliqué, lors d’une série d’interviews aux médias québécois, avoir reçu un courriel de Vanessa Springora la remerciant d’avoir été la seule, à dénoncer publiquement les agissements de Gabriel Matzneff.
«Vanessa dit que (mon intervention) lui a donné la force, au bout de 30 ans, d’écrire et de se décider à parler», explique-t-elle.
«J’ai fait ce que j’avais à faire», note-t-elle, rappelant que cette intervention lui a valu de nombreuses critiques à l’époque au sein du milieu littéraire parisien.
«Dans ce monde-là, ils parlaient de moi comme la mal-baisée», rappelle l’auteure québécoise. «Je n’ai plus jamais eu de critique dans le Monde».
«Il y a encore quelques jours (l’ancienne directrice des pages littéraires du Monde) Josyane Savigneau a soutenu Matzneff et dit que j’étais une purge, l’écrivain Frédéric Beigbeder a dit qu’il resterait son ami : ces gens-là appartiennent à une caste complètement à part», regrette-t-elle.
«Ce qui me réjouit, c’est de voir comment les jeunes générations sont scandalisées de se rendre compte que c’était comme ça en France», ajoute la chroniqueuse au Journal de Montréal.
«On pensait que #MeeToo était un phénomène nord-américain, en France ça marche aussi», se félicite-t-elle.