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Coronavirus: des food trucks montréalais «prêts à s’adapter»

Environ 21 food trucks opéraient à Montréal l’an dernier contre 35 en 2015, selon des données de l’Association des restaurateurs de rue du Québec (ARRQ). Photo: L'Express d'Outremont/Mont-Royal – Patrick Sicotte

Des propriétaires de «food-trucks» appellent la Ville de Montréal au dialogue quant à l’avenir de leur saison 2020, qui doit normalement commencer dans quelques semaines à peine. Ils disent pouvoir être des joueurs importants dans la chaîne de l’alimentation, tout en respectant l’ensemble des règles de santé publique dans la foulée du coronavirus.

«Un camion de rue est par définition un excellent moyen de distribuer de la nourriture en temps de crise. On a une cuisine, on est toujours à plus de six pieds des gens, et on est confinés dans un environnement soumis à des inspections régulièrement», explique Stefan Jacob, le chef-cuisiner de Das Food Truck, qui possède quatre camions de cuisine de rue à Montréal.

Son groupe n’exclut pas de revoir les modèles d’activité de ses camions pour accommoder la clientèle. «On veut approcher la Ville à ce sujet, parce que le take-out et les livraisons sont encore permises et qu’il y a une demande dans la population pour acheter de la nourriture facilement. Ça serait peut-être une opportunité pour notre industrie», lance-t-il.

«Les food-trucks ont été conçus pour des plateaux de tournage ou des chantiers de construction, sans qu’il n’y ait de contact et que ce soit rapide. On a déjà cette habitude de distanciation.» -Stefan Jacob, chef-cuisinier chez Das Food Truck

La propriétaire de l’entreprise, Annie Clavette, abonde dans le même sens. «À un moment donné, il va planifier cette sortie progressive de la crise, et notre formule pourrait très bien s’y adapter. On est prêts à changer notre modèle d’affaires pour être encore plus sécuritaires», tranche-t-elle, dénonçant par ailleurs les préjugés défavorables à l’égard de l’hygiène des camions de rue.

Un système de prépaiement?

À l’Association des restaurateurs de rue du Québec (ARRQ), la vice-présidente Gaëlle Cerf se dit toujours en réflexion, mais affirme que l’essentiel est de «rendre utile» l’activité des camions de rue, dans un contexte de pandémie.

«On essaie de développer un système de précommande en ligne, par exemple, pour qu’il y ait le moins possible d’interactions entre les clients et les entrepreneurs. C’est clair qu’on n’ira pas stationner un camion sur Sainte-Catherine. On ne veut surtout pas créer d’attroupements», dit-elle.

Mme Cerf ajoute que «les camions sont disponibles, et qu’ils pourraient jouer un rôle intéressant pour éviter les déplacements». «Ça sauverait aussi plusieurs PME dont la vie active se résume à six ou sept mois par année actuellement», fait-elle remarquer.

«Les camions de rue sont encore plus propres qu’un restaurant. Ils sont nettoyés et vidés à tous les jours. On ne va pas favoriser la propagation du virus. Au contraire.» -Gaëlle Cerf, vice-président de l’ARRQ

Appuyer les banques alimentaires

Pour la fondatrice du camion de rue La Boîte à Fromages, Alexandra Bonnet, l’industrie pourrait aussi facilement venir en aide aux banques alimentaires, qui sont plus sollicitées que jamais au Québec. «Permettre d’utiliser nos camions et les répartir aux endroits où il y a des besoins, en distribuant la nourriture, ça pourrait se faire. On y gagnerait rien, sauf le fait de servir la population», envisage-t-elle.

L’entrepreneure ajoute que des services de «food trucks» pourraient aussi être envisagés près des hôpitaux et des commerces essentiels, afin de venir en aide aux travailleurs de première ligne.

«Il y a vraiment quelque chose à mettre en place. C’est logique de pouvoir utiliser ce type de service dans le contexte, comme on est mobiles et très consciencieux», note-t-elle.

Des discussions en cours, confirme la Ville

Appelée à réagir, la porte-parole de la Ville de Montréal, Catherine Cadotte, indique que «des discussions avec l’ARRQ sont en cours pour explorer les contributions possibles des food trucks à la lutte contre l’insécurité alimentaire».

«Nous sommes engagés dans la lutte contre l’insécurité alimentaire via le soutien aux banques alimentaires, les centre de jours extérieur mis sur pied dans Ville-Marie, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et Plateau-Mont-Royal; ainsi que le projet de cantine mobile qui distribue des denrées dans les arrondissements périphériques», conclut-elle.

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