Coronavirus: «On voit poindre un certain plateau» à Montréal
Les mesures sanitaires prises dans le contexte de la deuxième vague du coronavirus à Montréal semblent tranquillement porter fruit alors que la Santé publique voit poindre «un certain plateau», voire une baisse dans la transmission de la maladie à Montréal.
Depuis la fin août, dans le contexte la rentrée scolaire et du retour au travail de nombreux parents à la fin de l’été, la propagation du coronavirus a repris de plus belle dans la métropole et ses environs. Une décision qui a incité le gouvernement Legault à faire passer le Grand Montréal au palier d’alerte maximale – ou zone rouge – dès la fin septembre.
Cette décision, qui a notamment entraîné la fermeture des bars, de la salle à manger des restaurants et mis sur pause le milieu culturel, commencerait à porter ses fruits dans la lutte contre la pandémie du coronavirus dans la région.
«On a évidemment une hausse des cas depuis la fin août. Mais, depuis la dernière semaine, on voit poindre un certain plateau, voire même une baisse des taux d’incidence et des taux de positivité, qui sont assez stables, et ce, dans presque l’ensemble des quartiers montréalais», a souligné mardi la directrice régionale de santé publique de Montréal, Mylène Drouin. Cette dernière a pris part à 12h30 à une conférence virtuelle organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Il ne faut toutefois pas «crier victoire» trop vite, prévient l’experte. «Nos indicateurs demeurent dans le rouge, donc dans des niveaux qu’on juge inacceptable pour maintenir la capacité de notre réseau de la santé», rappelle-t-elle.
Moins de restrictions?
Mme Drouin n’a pas voulu s’avancer concernant la possibilité que certaines restrictions tombent à la fin du mois à Montréal. Elle a toutefois concédé que ce confinement partiel ne pourra continuer tout l’hiver.
«Ça ouvre la possibilité qu’après le 28 [octobre], on reconsidère certaines décisions qu’on a prises», se réjouit le président de la CCMM, Michel Leblanc, en entrevue à Métro.
«Ce n’est pas vrai qu’on va pouvoir couper la vie sociale des gens pendant six mois ou neuf mois.» -Mylène Drouin, directrice régionale de la santé publique de Montréal
Milieux de travail
La transmission du coronavirus dans les milieux de travail semble d’ailleurs assez limitée. Depuis le début de la pandémie, la Santé publique rapporte environ 370 éclosions dans ces endroits, dont une majorité qui implique 10 employés ou moins. De ce nombre, 58 éclosions sont actuellement considérées comme étant actives. Celles-ci impliquent un total de 212 employés qui travaillent notamment dans des commerces et des entreprises manufacturières de Montréal.
Ces données, qui excluent les éclosions impliquant des employés de la santé, sont rassurantes pour Mylène Drouin.
«On a quand même une île qui a plus de 60 000 milieux de travail et on a quand même eu peu de grosses éclosions jusqu’à date. Donc, on voit que les employeurs voient tous les avantages de mettre en place les bonnes mesures [sanitaires]», constate-t-elle.
Cette dernière souligne par ailleurs que dans bien des cas, les employés ont acquis le virus à l’extérieur de leur lieu de travail ou encore «dans les contextes sociaux» qu’amène celui-ci, par exemple lorsqu’ils prennent leur pause dîner avec des collègues. Elle a d’ailleurs tenu à rappeler aux travailleurs qui pensent avoir des symptômes de la COVID-19 de «ne pas rentrer travailler», soulignant que des programmes d’aide financière existent pour leur garantir un revenu pendant leur isolement.
«Ce qu’on voit dans certains secteurs d’activités et avec les travailleurs vulnérables, c’est que les travailleurs ont peur ou ne veulent pas aller se faire dépister parce qu’ils savent c’est quoi la conséquence [l’isolement], puis ils pensent qu’ils n’auront pas de salaire pendant les 10 ou les 14 jours pendant lesquels ils devront s’isoler», a relaté Mme Drouin.
Tours à bureaux
Selon la CCMM, le taux d’occupation des tours à bureaux demeure entre 5 et 10% au centre-ville de Montréal. Or, on rapporte très peu d’éclosions dans ces établissements depuis le début de la pandémie, a confirmé Mme Drouin. Elle a d’ailleurs indiqué que la Santé publique n’entend pas, pour l’instant, recommander une réduction de la capacité maximale de 25% d’occupation des tours à bureaux décrétée par Québec cet été.
«Donc, on a encore de la marge», a soulevé M. Leblanc. En entrevue, il affirme que Québec devrait selon lui retirer ce taux maximal d’occupation pour «migrer vers des objectifs très clairs de règles sanitaires».
«Présentement, travailler dans les tours du centre-ville, ce n’est pas un risque, malgré la zone rouge», insiste-t-il.