«Les Mecs»: une série par et pour les hommes privilégiés
La très attendue nouvelle fiction de Jacques Davidts, Les Mecs, est disponible dès aujourd’hui sur ICI Tou.tv Extra. Métro a regardé avec attention les premiers épisodes de la série qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.
Normand Daneau, Yanic Truesdale, Christian Bégin et Alexis Martin interprètent les personnages principaux.
Il ne faut pas s’y tromper: ceux qui choisiront de regarder Les Mecs n’y retrouveront pas de discours féministe. Et cela tombe très bien, puisque ce n’était nullement l’intention de son créateur Jacques Davidts (Les Parents).
«Je n’ai pas écrit quelque chose de masculiniste», s’en défend pour autant le scénariste. «Il n’y a absolument aucun enjeu social, je ne politise rien, je fais juste une comédie sur des gars de 50 ans, donc des gars de mon âge», précise-t-il lors d’une conférence de presse par Zoom.
Pourquoi, alors, la série à peine sortie fait-elle autant parler d’elle? Peut-être parce qu’elle raconte l’histoire de quatre quinquagénaires privilégiés.
La comédie a ainsi été écrite, produite (Guillaume Lespérance) et réalisée (Ricardo Trogi) exclusivement par des hommes.
Dès les premières minutes, le ton est donné. On sent que Les Mecs, à l’image de ses personnages principaux, est destinée aux hommes vieillissants de la classe aisée qui ont un besoin insatiable d’être rassurés. Alors que la série aborde leurs préoccupations existentielles (prise de poids, rejet par le sexe opposé, etc.), Simon, Christian, Étienne et Martin auraient-ils soudainement peur de subir le même sort que la société réserve aux femmes de plus de 40 ans?
Le thème de la série est controversé, c’est le moins que l’on puisse dire. Il y a un an, Martine Delvaux interrogeait, à juste titre, la nécessité d’avoir un programme qui redonnerait «au mecs club une place qu’ils ont, un tout petit peu, perdue».
À la suite de la publication de son texte d’opinion dans La Presse, l’autrice s’était attiré les foudres de la chroniqueuse du Journal de Montréal Sophie Durocher. Après s’être défoulée sur sa «féministe crinquée» préférée, celle-ci traçait un raccourci douteux entre la série et le féminisme.
Selon le dictionnaire de la langue française Larousse, le féminisme est un «mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société». Au final, Les Mecs n’est rien d’autre qu’un divertissement pour public averti.
#MeToo et Les Mecs
L’auteur avoue avoir ressenti une «certaine anxiété» à l’idée d’appeler sa série Les Mecs. L’histoire de cette bande d’amis pouvait en effet «paraître déplacée pour certaines personnes», admet-il. Hasard du calendrier, son projet a été présenté à Radio-Canada au lendemain de l’éclatement de l’affaire Weinstein.
Qu’importe l’actualité de l’époque, André Béraud, premier directeur des émissions dramatiques et longs métrages de la chaîne, a été séduit «par le côté bienveillant et même un peu baveux du projet».
«Des gars à qui on donne un droit de parole et celui de s’exprimer, d’évoluer, de se poser des questions, on ne voit pas ça souvent. C’est bien de voir le pendant masculin des séries comme Les Simone et Lâcher prise», renchérit-il.
L’un des souhaits de Jacques Davidts lors de l’écriture était «d’avoir des dialogues qui amènent un débat». On peut notamment entendre les joyeux compères user de mots trop souvent désuets.
Par exemple, ils parlent des «vieilles célibataires» pour décrire les femmes de leur âge. Mais encore, encore Simon interpelle Christian (professeur de littérature à l’université) sur le mouvement #MeToo alors que ce dernier vient de lui présenter son amante Wendy, une étudiante – mais attention, pas la sienne et c’est censé faire toute la différence – «future Simone de Beauvoir» qui pourrait être sa fille.
Heureusement, les personnages féminins sont là pour les rappeler à l’ordre et leur dire qu’ils sont parfois «misogynes» et «arriérés». «Quand ça part d’un côté, ça te ramène de l’autre», précise Jacques Davidts, confiant que les spectateurs saisiront l’humour de son propos.
Lucide, il s’estime heureux que Les Mecs «arrivent en ondes» et que «les gens puissent l’apprécier, ou non».