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Une autrice sur trois serait victime de harcèlement dans le milieu littéraire

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Une autrice québécoise sur trois serait victime de harcèlement Photo: Alex Grimm/Getty Images

L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) a dévoilé mardi les chiffres ahurissants de son enquête sur le déséquilibre des rapports de force: dans le milieu littéraire, une autrice sur trois serait victime de harcèlement.

«Je ne suis pas surprise de ces chiffres. Peut-être parce que je suis dans le milieu littéraire depuis douze ans, je les trouve même personnellement très bas», confie Érika Soucy autrice et membre de la cellule d’urgence créée par l’UNEQ en juillet pour répondre aux préoccupations de ses membres.

«Moi aussi j’ai été victime de harcèlement et d’attouchement depuis que j’évolue dans le milieu littéraire. J’ai toujours eu l’impression que je n’étais pas toute seule», révèle-t-elle en entrevue avec Métro.

Dans le détail, un quart des participants à l’enquête commanditée par l’UNEQ déclarent avoir subi au moins une fois un «comportement inadéquat». Un nombre qui monte à un tiers lorsqu’il s’agit des femmes et des personnes issues des minorités de genre.

Une autrice sur trois s’est également fait dire des propos humiliants, une sur cinq a été victime d’intimidation et une sur sept a subi des attouchements dans le cadre de relations professionnelles.

Au total, 444 personnes ont répondu à l’enquête.

Difficile de sortir du silence

«Il y a douze ans, ces comportements étaient banalisés. Le boys club était très actif. Pour s’y faire une place, il fallait jouer du coude et fermer sa gueule», confirme Érika Soucy qui avoue avoir «toujours souffert de ça».

Un témoignage corroboré par les chiffres de l’UNEQ: «59% des personnes ayant subi un ou plusieurs abus déclarent ne pas avoir tenté de parler à l’un des responsables de l’entreprise ou de l’organisation, car c’était impossible ou par peur des conséquences», peut-on lire dans le rapport.

«Je n’ai pas su dénoncer cette culture toxique à l’époque, car je n’avais pas de recours», précise Érika Soucy.

L’impossibilité de recours est aussi dénoncée par l’Union dans son rapport. «L’absence d’ententes collectives signées dans le milieu littéraire prive les écrivaines et écrivains des mécanismes de griefs, d’arbitrage et de médiation. Un recours en médiation, par exemple, permettrait à l’UNEQ de représenter un.e membre dans une démarche de grief et ainsi d’éviter qu’il ou elle ne soit seul.e face à son interlocuteur, souvent placé en position de force», a dit son président Laurent Dubois dans un communiqué.

Mais lorsque la question du recours est abordée dans le milieu littéraire «c’est là que des désaccords de fond apparaissent entre les acteurs», indique-t-il.

«C’est frustrant de ne pas avoir de réel pouvoir syndical», renchérit Érika Soucy.

À ce propos, 88,2% des répondants «estiment nécessaire de disposer de mesures de griefs, de médiation et d’arbitrage».

Le milieu littéraire dénonce publiquement le harcèlement

Dans la lignée de la vague de dénonciations qui a déferlé sur le Québec cet été, le milieu littéraire s’est mobilisé. Plus de 150 signataires ont envoyé une lettre à l’UNEQ, réclamant des actions concrètes afin de changer «changer les choses».

Le mouvement pointe du doigt «les comportements malsains» auxquels les femmes et les personnes issues des minorités de genre sont trop souvent confrontées. Il réclame que les harcèlements sexuel et psychologique cessent.

Enfin, Érika Soucy veut rester confiante quant à l’avenir: «Cette nouvelle vague qui dit « on arrête, c’est terminé! » est très positive.»

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