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Couvre-feu à 20h: «Trop tôt», déplorent des restaurateurs

La vente de mets à emporter devra cesser dès 19h30, en raison du couvre-feu. La livraison sera toutefois permise. Photo: Archives/Métro

Les nouvelles mesures restrictives imposées par Québec, dont celle d’un couvre-feu, forcent la réduction des heures d’ouverture des restaurants pour les plats à emporter, soulevant l’ire des restaurateurs. Elles permettent toutefois plus de flexibilité aux commerces non-essentiels grâce à la cueillette en magasin.

Devant des nombres élevés d’infections à la COVID-19 et le risque réel d’un débordement dans les hôpitaux, le premier ministre du Québec, François Legault, a décidé de serrer la vis davantage. En plus de confiner les activités non essentielles pour au moins un mois, le gouvernement Legault imposera, dès samedi, un couvre-feu de 20h à 5h.

Les restaurateurs et les commerçants montréalais ont l’impression de «jouer dans le même film» depuis octobre, explique le président de l’Association des sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM), Billy Walsh. «Voyant un peu ce qui est en train d’arriver avec le nombre de cas et le retour des voyageurs, c’était sur notre radar», dit-il.

Livraison permise pour les restaurants

Le vice-président aux affaires publiques et gouvernementales de l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ), François Meunier, constate que le couvre-feu limite les activités des restaurateurs.

En effet, ceux-ci devront cesser la vente de mets à emporter dès 19h30, «trop tôt» selon lui. «On n’a pas beaucoup de marge de manœuvre, souligne-t-il d’emblée. Il y avait une période de pointe [durant laquelle les gens venaient chercher leur commande] qui était un peu plus longue que 19h30, notamment les fins de semaine.»

Si les restaurateurs n’ont pas de système de livraison à l’interne, ils doivent faire affaire avec un service de livraison. Or, les compagnies comme UberEats ou DoorDash imposent des frais de commissions trop élevés, explique François Meunier.

«L’essentiel de notre potentiel de rentabilité ou de vente est attaché à la livraison, mais il faut penser aux coûts exorbitants prohibitifs exigés par des tiers qui font de la livraison. À 30% de frais de commissions, ce n’est pas acceptable», pense-t-il.

Pour Billy Walsh, le fait que les restaurateurs pourront livrer après 20h est tout de même une bonne affaire. «Au moins, la période du souper, dans le cadre d’un confinement et d’un couvre-feu, pourra être étendue à un petit peu plus tard, dit-il. Quand on doit nettoyer le restaurant et renvoyer les employés pour 20h, ça ne laisse pas une grande plage horaire pour être capable de rouler les opérations de livraisons.»

Cueillette en magasin

Grande nouveauté du reconfinement cette fois-ci: la cueillette en magasin sera permise pour les commerces non-essentiels en dehors des heures du couvre-feu.

Pour Billy Walsh et le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, il s’agit d’un outil supplémentaire pour favoriser l’achat local. C’est d’ailleurs une demande qui remonte au début de la deuxième fermeture, précisent-ils.

Par ailleurs, beaucoup de commerces locaux n’ont pas accès à des services de livraison à coûts concurrentiels. «La marge de profit du commerçant, bien souvent, va disparaître au profit de la compagnie de livraison, explique M. Walsh. À moins d’avoir un système à l’interne de livraison, mais celui-ci implique une logistique importante et aussi un volume de commandes considérable.»

La cueillette est donc un moyen pour les commerçants de récupérer une partie de leur revenu. «S’ils font bien leur travail de rejoindre leur clientèle et d’expliquer les nouvelles possibilités, ça va augmenter leur chiffre d’affaires. Ça ne sera pas le retour à la normale, mais ça sera positif», pense M. Leblanc.

Finalement, s’ils ne sont pas surpris de l’annonce, les entrepreneurs s’attendaient à une certaine clarté de la part du gouvernement, précise-t-il. «Les commerçants et les restaurateurs voyaient bien qu’ils ne pourraient pas rouvrir le 11 janvier», dit-il.

«Par contre, le fait que le gouvernement ait annoncé un mois de confinement, ça peut donner l’impression que la date [de réouverture] risque d’être assez solide en vue de la campagne de vaccination», évoque M. Leblanc, qui indique que les attentes du milieu économique sont très élevées à ce niveau.

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