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COVID-19: Québec impose un nouveau temps d’arrêt d’un mois

François Legault impose un couvre-feu.
Le premier ministre du Québec, François Legault Photo: Josie Desmarais/Métro

Dix mois plus tard, la COVID-19 cantonne de nouveau les Québécois chez eux. En plus de confiner les activités non essentielles pour au moins un mois, le gouvernement de François Legault imposera un «couvre-feu» en soirée.

Pas de sortie, donc, de 20h à 5h. Cette mesure a notamment été utilisée en France et au Royaume-Uni.

Le premier ministre a officialisé la nouvelle, mercredi, faisant allusion à un «traitement choc» contre la COVID-19. Les informations concernant cette nouvelle pause avaient déjà fuité dans plusieurs médias au cours des dernières heures.

«Au cours des dernières semaines, la situation de la pandémie s’est empirée, a lancé M. Legault, à Montréal. Comme premier ministre, une de mes premières responsabilités, c’est d’assurer la sécurité des Québécois.»

Couvre-feu

Ceux qui s’aventurent à l’extérieur de leur domicile après 20h s’exposeront à des amendes de 1000$ à 6000$ pour non-respect du couvre-feu.

Les commerces essentiels pourront rester ouverts jusqu’à 19h30. Les dépanneurs de stations-service et les pharmacies pourront toutefois rester ouverts plus tard.

En ce qui a trait au retour à l’école, il se fera à la date prévue (11 janvier) pour les élèves du primaire.

Au secondaire, la rentrée en personne attendra au 18 janvier. Chaque élève se verra par ailleurs fournir deux masques de procédures – masques bleus – en début de journée pour s’assurer d’éviter la propagation.

Flambée

C’est la situation épidémiologique fragile qui force Québec à y aller de ces mesures presque sans précédent. Dans les 24 dernières heures, la Santé publique fait état de 2641 nouvelles infections à la COVID-19. Plus de 75 hospitalisations se sont ajoutées au total provincial.

Selon les plus récentes recensions du ministère de la Santé – en date du 4 janvier–, environ trois quarts des lits hospitaliers «désignés COVID» au Québec sont occupés.

L’annonce d’un nouveau confinement et d’un couvre-feu vient dix mois et demi après que Québec ait mis la plupart des activités «non essentielles» sur pause, le 23 mars 2020. La province ne devait finalement rouvrir qu’au mois de juin, du moins partiellement.

Lorsque le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a procédé à la fermeture de certains commerces, dont les restaurants, cet automne, il avait alors décidé d’épargner les écoles, les milieux de travail et les commerces de détail. Puis, devant la tendance épidémiologique, ceux-ci ont tous fermé leurs portes pour les Fêtes.

La chose à faire?

D’après l’experte en santé publique Marie-France Reynault, Québec avait les mains liées. «C’est assez inquiétant, ce qui se passe depuis deux semaines. Les hospitalisations sont en train d’atteindre les niveaux de la première vague», souligne cette professeure émérite à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM).

Selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec, les hôpitaux de la province avaient accueilli pendant la première vague plus de 1500 patients testés positifs. Aujourd’hui, ce chiffre frôle les 1400.

Mme Reynault craint par ailleurs que le nombre de nouvelles infections soit plus important que rapporté. C’est que le nombre de tests effectués pendant les Fêtes s’est abaissé par rapport aux semaines précédentes, remarque-t-elle.

«On a vu une détérioration du suivi des consignes. Les gens se sont habitués. Ils ont moins peur. Ils se disent que, sans conséquence à une infection, ils vont prendre plus de chances.» – Marie-France Reynault, professeure émérite à l’ESPUM

L’experte soutient que l’imposition d’un couvre-feu aura pour objectif d’«attraper les rassemblements sociaux clandestins». «J’ai l’impression que le gouvernement veut passer un message: de dire que c’est comme une guerre. Il y a des décès quotidiennement», avance-t-elle.

Nombreuses réactions

Des acteurs de tous les secteurs ont réagi mercredi à l’annonce de grande envergure de Québec, d’abord attendue la veille. La poursuite du confinement dans le milieu commercial inquiète notamment la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

«Les entreprises commencent la nouvelle année 2021 en étant déjà très fragilisées. Neuf dirigeants de [petites et moyennes entreprises] québécoises sur dix indiquent avoir encore besoin du soutien de leur gouvernement», a souligné l’organisme dans un communiqué de presse.

«Le milieu des affaires est bien conscient qu’il ne peut y avoir de relance de notre économie si nous perdons le contrôle de la situation sanitaire.» – Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

La réouverture des écoles, elle, ne fait pas l’unanimité. Dans les directions d’écoles, on s’agit une «sage décision». «Pour la réussite éducative, la santé mentale et la protection des enfants vulnérables, c’est la bonne chose à faire», a souligné dans un communiqué la présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissements scolaires, Kathleen Legault.

Si elle se réjouit d’un retour en classe auprès des élèves, la présidente de l’Alliance des profs de Montréal, Catherine Beauvais-St-Pierre, craint pour la santé physique des enseignants.

«Le gouvernement ne doit plus lésiner […]. Nous attendons du ministre un plan clair, à court et long terme, pour tous les secteurs, puis que cesse la diffusion de l’information au compte-gouttes», a-t-elle indiqué.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, précisera les mesures pour le reste de l’année scolaire lors d’un autre point de presse, vendredi.

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