MHM: le maire défend la piétonnisation complète de la rue Ontario
Le maire de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Pierre Lessard-Blais, défend le projet de piétonnisation complète de la rue Ontario, malgré les objections de la Société de développement commercial Hochelaga-Maisonneuve (SDCHM) et de plusieurs commerçants.
La SDCHM demande que la piétonnisation de l’artère se fasse en alternance, soit quatre jours par semaine, mais l’arrondissement a plutôt opté pour une fermeture complète de la rue, pour l’instant entre Pie-XI et Nicolet. La zone pourrait cependant être élargie, comme le demande une pétition lancée au début mars.
Cette mésentente a poussé la SDCHM à faire une sortie publique le 18 mars, demandant au maire de revoir l’essentiel de son projet de piétonnisation de la rue Ontario pour l’été 2021.
Malgré les critiques exprimées par certains commerçants, M. Lessard-Blais affirme que la piétonnisation à l’été 2020 a été un «succès majeur», soulignant le soutien des citoyens au projet, selon un sondage mené par l’arrondissement.
«On a sauvé des commerces, littéralement. Les restaurateurs ont passé une année de misère. Plusieurs me disent qu’ils auraient fermé sans cette piétonnisation.»
Le maire reconnaît que certains commerçants ont subi des pertes financières l’année passée, mais il ne croit pas qu’elles soient reliées à la piétonnisation.
«À la Ville de Montréal, il y a une étude dernièrement qui démontre que les commerces sur les rues piétonnes s’en sont mieux sortis que les commerces où il n’y avait pas d’aménagement l’année passée.»
Les désavantages de l’alternance
Le maire Lessard-Blais voit deux désavantages majeurs à la piétonnisation en alternance. Le premier, c’est qu’elle empêche la maximisation des terrasses souhaitée par les restaurateurs et les tenanciers de bars.
Le deuxième désavantage touche le mobilier urbain que l’arrondissement souhaite aménager sur la rue.
«Du moment où tu laisses les voitures passer aux quatre jours, tu dois démonter ton mobilier urbain et le remonter chaque semaine, ce qui est impossible à faire.»
Plusieurs scénarios analysés
M. Lessard-Blais explique que pour l’été 2021, l’arrondissement a proposé à la SDCHM d’analyser différents scénarios, incluant la piétonnisation complète et celle en alternance.
«La SDC refusait d’analyser le scénario d’une piétonnisation complète, soit un scénario similaire à celui qui avait eu lieu l’an passé.»
Face à ce refus, l’arrondissement a décidé de procéder à l’analyse des différents scénarios sans le concours de la SDC.
Selon des échanges écrits auxquelles Métro a eu accès, le directeur général de la SDCHM, Jimmy Vigneux, indiquait effectivement dans une lettre datée du 11 novembre que la piétonnisation complète «n’est pas une option pour nous» puisqu’à la suite de l’expérience de l’été 2020 «nous avons constaté que la piétonnisation nuisait à plus de la majorité de nos membres.»
Il ajoute qu’une piétonnisation en alternance «tel qu’expérimenté dans la ville de Québec, pourrait être une solution bénéfique pour tous.»
Joint par Métro, le DG de la SDCHM s’explique mal pourquoi l’arrondissement les a tenus dans l’ignorance du mois de novembre jusqu’au mois de mars.
«Oui, on a été ferme dans notre position. C’est notre rôle comme SDC d’émettre les meilleures solutions pour un projet de piétonnisation, mais l’arrondissement aurait dû nous communiquer rapidement leur position, pour voir s’il n’y avait pas des compromis possibles.»
À la suite de l’envoi de la lettre du 11 novembre, M. Vigneux indique avoir communiqué à plusieurs reprises avec l’administration locale, mais qu’on lui répondait toujours «qu’il n’y avait aucun avancement sur le dossier.»
«On nous a tenus dans l’ombre jusqu’à ce qu’on nous fasse une présentation le 10 mars pour nous dire que finalement il refusait la piétonnisation partielle [NDLR : en alternance], qu’il avait embauché une firme externe pour faire la consultation de nos commerçants et qu’il allait de l’avant avec une piétonnisation complète.»
Il déplore ce manque de transparence, puisque la SDCHM a toujours été en très bons termes avec l’arrondissement.
Un compromis?
Afin d’atténuer les irritants de l’année dernière, l’arrondissement propose plusieurs solutions comme la relocalisation des stationnements dans les rues transversales, le report de travaux dans le secteur et un accès aux personnes à mobilité réduite grâce à la présence de vélos-pousse.
Malgré cela, certains commerçants s’opposent fermement à la piétonnisation complète. Une manifestation est d’ailleurs prévue pour le mercredi 24 mars dès 18h30 dans le stationnement adjacent à la Pharmacie Jean Coutu.
Les commerçants et les citoyens sont invités à une présentation virtuelle du projet estival pour la Promenade Ontario le 29 mars, à 19 h.
Un événement Facebook sera créé sous peu et publié sur la page Facebook de l’arrondissement.