Une invention verdunoise pour recycler les briques d’un chantier
Le président de Maçonnerie Gratton, Tommy Bouillon, a co-inventé une machine recyclant les briques sur un chantier pour ensuite les réutiliser sur le même site. Cette invention permet d’éviter le gaspillage de ce matériau, en plus d’apporter une économie d’argent aux entrepreneurs.
Au Québec, plus de 40% des matières résiduelles générées proviennent du secteur de la construction. Le secteur du bâtiment génère à lui seul plus de deux millions de tonnes de matière résiduelle annuellement.
Il est possible de recycler manuellement un mur brique par brique, mais cela demande 760 heures de travail pour un mur de 1000 pieds carrés. «Actuellement, tous les chantiers font venir des conteneurs, jettent la brique dedans et font livrer de la brique neuve», décrit l’entrepreneur verdunois, Tommy Bouillon. Cette méthode demande, quant à elle, 600 heures de travail pour un mur de 1000 pieds carrés.
Avec l’innovation de M. Bouillon, le nombre d’heures passe à 440 pour un mur de la même grandeur. Un seul opérateur est nécessaire pour manipuler l’engin. Concrètement, il prend la brique, la met sur l’étau, celle-ci entre dans la machine, puis elle est guidée par un laser, avant de retomber prête pour la réutilisation.
La machine ne fragilise pas le matériau, bien au contraire. «La brique n’a aucun impact. C’est une lame aux diamants qui coupe le mortier sans toucher la brique», explique M. Bouillon.
Cela aura pris deux ans de travail à Tommy Bouillon, son associé David Dufour et Hugo Cartier de la compagnie Alco-TMI, spécialisée dans la mécanique du domaine agricole pour réfléchir et conceptualiser la machine.
Comme les trois créateurs sont des amis, il était plus facile pour eux de se réunir régulièrement pour faire avancer le projet. PME Montréal et RECYC-QUÉBEC ont également contribué à la réalisation de cette innovation québécoise.
Unique
La machine qui se nomme Brique Recyc est une invention brevetée et serait la première en son genre. Selon les recherches de M. Bouillon, il existe une usine en Chine pour récupérer la brique, mais il s’agit d’un grand bâtiment et non d’une machine transportable.
Il existe aussi des méthodes de réutilisation de la brique. Elle est concassée et réemployée pour diverses utilisations comme pour remblayer la route ou niveler des terrains.
«Il y a une énorme différence entre manipuler la brique et lui donner une deuxième vie, ou la réutiliser sur le même chantier, estime M. Bouillon. Nous, c’est vraiment dans l’idée de l’économie circulaire. On prend la brique du mur et on la réinstalle après».
Avec la machine, une même brique peut être recyclée une seule fois parce qu’elle doit résister à une certaine force de compression. Cela double tout de même sa durée de vie, qui peut se prolonger d’une centaine d’années.
À court terme, les inventeurs de la machine désirent vendre des modèles. La machine sera déployée seulement cet automne sur les chantiers de Maçonnerie Gratton. Il manquerait pour l’instant certains éléments de sécurité avant d’implanter l’appareil sur un site.