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Crise du logement: le calvaire des victimes d’une relation toxique

Elizabeth est restée près de quatre ans dans une relation toxique et vît désormais dans un logement subventionné avec ses deux enfants
Elizabeth est restée près de quatre ans dans une relation toxique et vit désormais dans un logement subventionné avec ses deux enfants. Photo: Quentin Dufranne/Métro

La crise du logement que connaît la métropole a des impacts sans précédent, notamment sur les personnes prises au sein d’une relation toxique. Le prix et la disponibilité des logements ne font qu’enfoncer encore plus ces personnes dans cette relation qu’elles essayent de fuir.

C’est le cas d’Elizabeth*. Pendant près de quatre ans, elle a été sous l’emprise d’un conjoint violent et consommateur de substances. Ce sont les maisons d’hébergement et les différents programmes gouvernementaux qui lui ont permis de s’en sortir et de se reloger.

C’est dans un appartement subventionné où elle vient d’emménager il y a quelques jours qu’Elizabeth, 43 ans, mère de deux jeunes enfants, raconte au milieu des cartons et des jouets son parcours vers la liberté.

«Je savais plus quoi faire, j’étais comme dans une prison»

Son ancien compagnon consommait de la cocaïne et de l’alcool. Il l’a aussi violentée à plusieurs reprises. Alors qu’elle avait un bon salaire de fonctionnaire, Elizabeth voyait son argent s’évaporer pour payer les consommations de son ex-conjoint.

Leur quatre et demie était devenu un lieu de consommation pour nombre d’amis de son compagnon. Ils y venaient consommer du crack avec les cuillères qui servaient à nourrir sa fille.

C’est pas juste de la violence physique, c’est beaucoup plus la violence psychologique et économique. Il prenait son argent, et il prenait mon argent aussi.

Elizabeth

Alors que la situation se dégradait de plus en plus, elle a décidé à plusieurs reprises de partir. Or, la crise du logement n’a fait que restreindre ses options. Elle a trouvé un trois et demie en demi-sous-sol pour 850 $. C’est son historique bancaire entaché par les dérives de son conjoint qui a mis fin à ses rêves de liberté.

«J’ai essayé de partir et de me louer un appartement, mais je n’avais pas un bon crédit à cause de lui. Et mon nom était [signalé] à la Régie du logement. […] Il ne me restait pas d’autres alternatives que de retourner en centre pour m’en sortir, car je ne pouvais même pas louer un appartement, je dépendais de lui», dit-elle.

Les femmes «coincées» par la crise du logement

Selon le dernier rapport de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), le loyer moyen d’un logement inoccupé dans la région métropolitaine de Montréal s’élèverait à 1001 $. À Montréal, il faut compter en moyenne 1124 $ pour un quatre et demie inoccupé et 906 $ pour un trois et demie.

Selon la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, les logements affichés seraient actuellement plus chers que les chiffres présentés en février dernier par la SCHL.

Face au prix des loyers et au peu d’options qui s’offrent à elles, d’autres femmes n’ont guère le choix que d’aller dans la rue pour fuir leur relation.

La présidente et fondatrice de La rue des femmes, Léonie Couture, explique le besoin urgent de construire des logements. Ces derniers doivent être réellement abordables afin d’offrir une option pérenne aux femmes victimes d’une relation toxique.

«S’il y avait du logement abordable, il y a beaucoup de femmes qui ne se retrouveraient pas là-dedans. […] On n’est pas plus capable de leur trouver du logement», ajoute Mme Couture.

Entre geler dehors et être avec un homme violent, les choix ne sont pas immenses. […] On voit des femmes qui sont parties et se sont rendues dans la rue. Et, à un moment donné, elles vont retourner [avec leur conjoint] parce qu’elles n’ont pas de logement. Elles ont besoin d’une place et, nous, on est toujours en débordement.

Léonie Couture, présidente et fondatrice de La rue des femmes

Claudine Thibaudeau est travailleuse sociale et responsable du soutien clinique à SOS violence conjugale. Selon elle, la crise du logement a un impact direct sur l’offre de service des maisons d’hébergement.

«La durée d’hébergement dans les maisons a augmenté à cause de ça, car soit elles ne trouvent pas d’hébergement, soit il n’est pas abordable», dit Claudine Thibaudeau.

*Nom fictif

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