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Cyclistes et piétons, les oubliés du budget de Québec

Un passage piéton sur la rue Rachel, à Montréal. Photo: iStock/Marc Bruxelles

Alors que le débat sur la sécurité des piétons s’est intensifié ces derniers mois au Québec, le gouvernement provincial n’a pas été de l’avant avec les demandes d’organismes d’allouer plus d’argent pour la mobilité active. Si une somme spécifique de 15M$ a été accordée à la Ville de Québec, Montréal – n’en ayant pas fait la demande – n’a pas touché un sou.

Cette année, la métropole a plutôt sollicité Québec pour combler les déficits des sociétés de transport collectif et financer de nouveaux logements sociaux.

Mais cette absence de nouvel investissement provincial en mobilité active n’empêche pas la Ville de Montréal de planifier des réaménagements à la pelle, afin d’améliorer la circulation et renforcer la sécurité. Ces mesures se sont multipliées et sont plus acceptées depuis le drame de la petite Maria, une fillette renversée par une voiture sur son chemin vers l’école, dans Sainte-Marie.

Malgré ces changements et l’évolution de la situation, Québec aurait pu en faire plus pour les piétons et les cyclistes avec ce budget, et devra se rattraper dans le prochain budget, croient des organismes.

La question de fond

« On a demandé une augmentation des fonds dédiés au transport actif », révèle la directrice générale de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani. Son organisme a publié un mémoire aux côtés d’autres associations, dont Vélo Québec. « Il y a une somme qui est reconduite chaque année », entre 40 et 45M$, « et qu’on souhaiterait doubler pour atteindre 100M$ » explique, lui, le PDG de Vélo Québec, Jean-François Rheault.

Le gouvernement n’a pas accédé à cette demande. M. Rheault confie que de nombreuses municipalités contactent Vélo Québec, pour leur dire qu’ils souhaitent, eux aussi, une somme pour la mobilité durable, comme Québec. Même son de cloche chez Piétons Québec où l’on affirme que de nombreuses municipalités sont friandes d’un tel investissement.

Cette somme permettrait de soutenir les municipalités afin de créer davantage d’infrastructures qui sont accueillantes pour les piétons, et les vélos. À Montréal, de nombreux arrondissements planifient la mise en place de sens uniques, de rues-écoles, de saillies, de trottoirs et de pistes cyclables.

Ces installations visent à apaiser la circulation. La petite Maria est décédée des suites d’un accident dans un secteur qui est proche du pont Jacques-Cartier et où la circulation est particulièrement intense. Depuis, des manifestations se sont tenues à plusieurs reprises à Montréal et ailleurs au Québec, pour réclamer que la province et la municipalité agissent davantage.

Le levier de Québec

Malgré la mobilisation, Québec a laissé passer le momentum, analyse Mme Cabana-Degani: « on est dans un budget passé à côté de la mobilité active ». Au-delà des investissements pour les municipalités, le gouvernement Legault a pourtant d’autres leviers pour que les Québécois appuient sur la pédale de frein.

Piétons Québec réclame une vitesse de base de 30km/h en ville, contre 50km/h actuellement. Avec une vitesse de 30km/h, les piétons happés ont 90% de chances de survie, contre 25% lorsque la vitesse est de 50km/h. De plus, l’installation de nouveaux radars photo – Montréal n’en dispose que de très peu – est aussi une des actions réclamées.

Sur ce point, le portrait n’est pas aussi sombre. Lors du dévoilement du budget, Jean-François Rheault a appris qu’une partie de la somme pour la sécurité routière de l’année dernière et une partie de la somme de cette année seraient probablement affectées au développement de radars photo.

Enfin, une autre proposition des organismes portait sur les VUS, afin que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) prenne acte de la dangerosité accrue de type de véhicules et augmente leurs frais d’immatriculations comme pour les motards. Sur les réseaux sociaux, l’idée se propage de tout simplement interdire les publicités pour les VUS.

Actuellement, au Québec, les VUS électriques sont d’ailleurs subventionnés par le gouvernement, mais pas les vélos, avec ou sans assistance électrique, relève le PDG de Vélo Québec.

Opter pour une meilleure cohabitation

Une limite de vitesse plus basse n’est pas la seule option pour apaiser la circulation. Le REV sur St-Denis en est un bon exemple, à en croire M. Rheault. La vitesse effective y a été diminuée, non par la limitation légale, mais par l’ajout de pistes cyclables qui a provoqué le rétrécissement de la chaussée. Ce genre d’aménagement, qui comporte aussi des passages piétons, améliore la sécurité des piétons et des cyclistes.

De façon plus surprenante, ce partage plus égal de la rue bénéficie aussi aux automobilistes. Réduire la vitesse rend la conduite plus agréable, les aménagements sont mieux organisés et les flux sont donc plus simples sur la rue St-Denis. « La fluidité sur St-Laurent varie plus que la fluidité sur St-Denis », constate Jean-François Rheault.

Les automobilistes bénéficient aussi de la mobilité active lorsqu’ils vieillissent, remarque Sandrine Cabana-Degani. Des infrastructures accueillantes pour la mobilité active « permettent aux ainés de se déplacer et de demeurer autonomes », argue la DG de Piétons Québec qui rappelle que la marche est d’ailleurs le loisir le plus populaire chez les ainés.

Vélo Québec et Piétons Québec concluent que la mobilité active est un mode de déplacement peu coûteux, en réalité, celui qui est le moins cher. Investir plus pour la mobilité durable aurait aussi permis de redonner de l’argent à des Québécois qui pourraient abandonner leur second, voire leur unique véhicule, et le coût que celui-ci représente.

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