Vents changeants
On dit qu’en politique, six mois, c’est une éternité. Essayez une journée. Imaginez-vous dans les souliers de Pauline Marois, le mercredi le 22 janvier. Vous êtes à Davos, vous consultez votre revue de presse et réalisez que votre formation politique maintient son avance. Le sondage d’avant les Fêtes n’était pas un mirage… Au contraire, les chiffres se consolident. La satisfaction est en hausse.
Tous les indicateurs sont à la bonne place.
Mêlée de presse avec les journalistes québécois sur place. Il faut commenter les détails rendus publics par les écoutes électroniques à la commission Charbonneau sur le présumé «deal» qu’il pourrait y avoir entre le Fonds de solidarité de la FTQ et le conjoint de madame Marois. Elle affirme que la seule relation qui peut unir l’un et l’autre en est une d’affaires. Du même souffle, elle doit se défendre de l’influence que pourrait avoir la FTQ sur sa formation politique.
La journée se poursuit à Davos. Bonne nouvelle, un investissement majeur d’une entreprise espagnole qui devrait créer 300 emplois. Bonheur de courte durée. Tout à coup, les courriels affluent.
Cette fois, c’est la ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec, Élaine Zakaïb, qui est dans l’eau chaude. L’écoute électronique met encore un acteur politique sur la sellette. L’ex-présidente-directrice générale des Fonds régionaux de solidarité FTQ affirme dans un échange avec le président de la centrale syndicale : «Moins j’en sais, mieux je me sens.»
Lise Thériault, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éthique, de déontologie et de services gouvernementaux, ne tarde à se manifester. Elle affirme que la ministre a fermé les yeux sur le système de collusion et doit démissionner. La riposte ne tarde pas : les porte-parole du PQ ne manquent pas de rappeler que la journée de Philippe Couillard n’est guère meilleure. Après les tergiversations autour de la charte, l’affaire Houda-Pepin continue de faire la manchette.
Rare circonstance, c’est la CAQ qui gagne la journée en demeurant à l’extérieur du radar. Quand la boue éclabousse tout, vaut mieux se tenir loin. En plus, cela a pour effet de ramener le thème de l’intégrité à l’avant-plan. Un terrain plus fertile pour cette formation politique.
Ces jours-ci, dire que la politique est imprévisible est un euphémisme. Personne ne sait de quoi demain sera fait. Additionné à la volatilité de l’électorat, on peut se demander si le climat est favorable à la tenue d’un scrutin. Certains diront qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Si tel est le cas, avant de penser à aller en élection, il faudra repenser à cette journée du 22 janvier. Car un vent favorable peut rapidement devenir une tornade.
Il serait périlleux de se lancer dans la bataille électorale alors que la commission Charbonneau poursuit ses audiences. Et dire que la période portant directement sur le financement des partis n’a pas encore commencé…