Uvanga: quête de racines identitaires
La beauté du Nunavut se concentre dans sa lumière naturelle dans Uvanga, un film où la quête des racines identitaires prend tout son sens.
En 2008, Marie-Hélène Cousineau et Madeline Piujuq Ivalu présentaient Le jour avant le lendemain, une œuvre d’époque poétique sur deux clans d’Inuits. Pour Uvanga (qui signifie «moi-même»), elles continuent de suivre ce peuple autochtone en plongeant une famille montréalaise contemporaine dans les grands espaces du Nunavut, alors qu’un adolescent (Lukasi Forrest) en apprendra davantage sur l’entourage de son père décédé.
L’immersion, fragile et authentique, est palpable, offrant la latitude nécessaire à cette communauté nordique pour s’exprimer. Celle-là même qui peut être à la recherche de ses repères, se trouvant souvent à la croisée des chemins.
«C’est une société en transition entre la tradition et la modernité, expose en entrevue la metteuse en scène Marie-Hélène Cousineau. Les gens doivent trouver un sens à leur vie dans un univers qui est peut-être encore tourné vers le passé et ils cherchent comment s’orienter vers le futur.»
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À partir de thèmes qui ne sont pas sans rappeler le Kamataki de Claude Gagnon, l’essai tend vers l’unicité par la beauté sauvage de ses paysages, le respect de ses sujets et le jeu des comédiens non professionnels. Une symbiose d’éléments pour un tournage qui s’est transformé en véritable aventure pour l’actrice Marianne Farly (Les Invincibles), qui incarne la mère du jeune héros.
«C’était extraordinaire comme expérience. Ç’a été un défi chaque jour, avec la température changeante. Mais quand tu laisses les choses se passer, je pense que ça te rend meilleur.»
Cet amour et cette exploration du territoire, qui tient ici le haut du pavé, risque également de se retrouver au cœur du prochain récit cinématographique de Marie-Hélène Cousineau, qu’elle aimerait de nouveau coréaliser, mais cette fois avec quelqu’un du Mexique. «Des films, si on peut les faire à plusieurs, pourquoi pas? affirme-t-elle. Quand on rencontre quelqu’un et qu’on s’entend bien sur le plan artistique, c’est vraiment excitant. C’est comme tomber en amour ou faire l’amour. C’est fusionnel. Il y a un côté de partage qui est vraiment enrichissant.»
Ce qu’il reste de nous
Uvanga est le cinquième long métrage québécois sur les autochtones à prendre l’affiche en 2014 (après 3 histoires d’Indiens, Maïna, Rhymes for Young Ghouls et Québékoisie) et s’il faut en croire l’actrice Marianne Farly, «il faut qu’on en fasse, des films là-dessus».
«Nos racines sont quand même là, indique-t-elle. J’espère qu’on ira encore plus en profondeur dans ce qu’on leur a fait. On les a vraiment maltraités, ces peuples. Je n’étais pas au courant de ça avant de me rendre sur place. On n’a jamais eu de gouvernements respectueux de ces peuples. C’est comme si on ne voulait pas les voir, qu’il n’y avait pas d’intérêt, car ils ne peuvent rien nous apporter… Si au moins on fait des films à propos d’eux, ça va peut-être ouvrir l’esprit des gens.»
Uvanga
En salle vendredi