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Cannes: Xavier présente officiellement «Mommy»

Photo: Thibault Camus / The Associated Press

MONTRÉAL – Le jour J est enfin arrivé pour Xavier Dolan.

Le cinéaste québécois a monté, jeudi soir, les mythiques marches du palais des festivals de Cannes, où il présentait officiellement en compétition son plus récent film, «Mommy».

«Mommy» avait déjà été projeté une première fois pour les journalistes mercredi, et les premières critiques ont été plus qu’élogieuses, les mots «Palme d’or» ayant déjà été lancés par plusieurs.

En conférence de presse à Cannes, jeudi, plusieurs journalistes ont d’ailleurs mentionné à quel point ils avaient aimé le film avant de poser leurs questions.

La presse s’est beaucoup intéressée à l’omniprésence du personnage de la mère dans le cinéma de Dolan, que plusieurs ont découvert lors de la présentation de son premier film, «J’ai tué ma mère», à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2009.

Le cinéaste a expliqué qu’il avait toujours ressenti le besoin de créer des personnages féminins forts, précisant toutefois que si la femme interprétée par Anne Dorval dans «J’ai tué ma mère» a été inspirée par sa propre mère, la «Mommy» de son plus récent film — aussi jouée par Dorval — est un personnage diamétralement opposé.

«Ma relation avec ma mère m’a inspiré pour mon premier film, qui était autobiographique. Après, par la suite, je pense que la figure de la mère en soi m’a inspiré pour les autres, a-t-il relaté. Je ne sais pas pourquoi c’est un thème et un territoire aussi fertile, aussi inspirant, aussi enrichissant pour moi que de parler de la place de la mère dans la société — de la place de la femme aussi, j’imagine.»

Le jeune réalisateur admet que son père (l’acteur Manuel Tadros) n’a pas été aussi présent dans sa vie lorsqu’il était jeune, sa mère ayant obtenu sa garde à temps plein. Il affirme entretenir aujourd’hui une excellente relation avec lui, mais ne ressent pas le besoin d’écrire des personnages de pères pour ses films.

«Je n’ai pas assez connu mon père jeune, je ne l’ai pas assez observé, je ne l’ai pas assez admiré ou aimé ou détesté. Je n’ai pas vécu ces émotions fortes avec lui qui nous poussent à nous inspirer sur les êtres qui nous habitent et qui font en sorte qu’on a envie d’écrire sur eux, de partager sur eux. De film en film, c’est devenu presque une habitude que le père soit évacué. L’envie ne me vient pas de parler du père», a-t-il reconnu.

«Mommy» raconte l’histoire d’une veuve monoparentale (Anne Dorval) qui hérite de la garde de son fils (Antoine Olivier Pilon), un adolescent profondément turbulent. Ensemble, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue d’une mystérieuse voisine (Suzanne Clément).

Xavier Dolan avait déjà travaillé avec les trois acteurs principaux de son film et, en conférence de presse, ceux-ci n’ont pas manqué de parler de leur plaisir de jouer pour le cinéaste, qui leur propose des personnages bien définis tout en leur laissant la liberté de se les approprier.

Pourtant, lorsque l’idée de «Mommy» a germé dans la tête de Dolan il y a quelques années, le jeune homme imaginait d’abord son histoire interprétée en anglais, par des acteurs américains.

«J’avais lu dans le Reader’s Digest une histoire sur une mère qui avait abandonné son fils dont elle avait extrêmement peur (…) Cet article m’avais vraiment bouleversé, a raconté Dolan, précisant avoir lu l’article peu après avoir tourné «J’ai tué ma mère». À l’époque, je voulais le faire aux États-Unis. Je rêvais à plus tard, dans ma carrière.

«Puis, finalement, les cinq dernières années m’ont emmené à construire une relation avec des acteurs, avec des créateurs, avec des gens qui me font sentir bien, et des gens qui m’ont fait réaliser que mon réflexe en cinéma est dans ma langue, chez moi, dans les rues que je connais, dans le quartier que je connais, qui m’inspire.»

Le réalisateur est cependant convaincu qu’il tournera un jour en anglais. Il a d’ailleurs déjà écrit un scénario, en compagnie du réalisateur montréalais Jacob Tierney, et a soumis le projet à différents agents dont il attend des réponses. Mais ce qui l’attend après Cannes, d’abord et avant tout, c’est une pause.

«Je retourne à l’école à l’automne pour essayer d’avoir une vie plus normale, rencontrer des gens de mon âge, les embrasser un peu», a-t-il lancé, le sourire dans la voix.

Le Festival de Cannes se termine officiellement dimanche mais le palmarès sera annoncé samedi.

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