Lutte contre l'agrile du frêne : une offensive qui coûte cher
L’abattage survient après la fin des traitements au TreeAzin cet été, des 2039 arbres à sauver ou à protéger sur le domaine public, menacés par l’agrile du frêne.
« L’arrondissement est infesté de bord en bord », prévient Pierre Francoeur, ingénieur forestier, en étalant sur la table une carte de l’arrondissement sur laquelle s’entremêlent des cercles et des points de couleurs. « Les points bleus sont les arbres à abattre », annonce-t-il.
Effectivement, il y a beaucoup de points couleur azur sur le papier même s’ils sont moins nombreux que les 7574 frênes recensés dans les parcs et les rues de l’arrondissement.
Depuis la découverte du premier foyer d’infestation dans l’arrondissement en 2012, en fait les cols bleus n’ont pas cessé de faire de nouvelles trouvailles.
Les élus ont accordé 290 000 $ pour la lutte contre l’agrile du frêne il y a quelques jours. Plus des deux tiers de la somme payeront uniquement la facture de la suppression de ces arbres.
Cette offensive se justifie selon M. Francoeur, qui agit comme agent technique principal en horticulture et arboriculture, par l’urgence et le moment. « C’est maintenant que ça se passe », explique-t-il.
Le traitement des arbres sains doit se faire entre le printemps et l’été, c’est à dire au moment où il y a la montée de la sève. L’abattage doit se faire entre le 1er octobre et le 15 mars, lorsque les arbres sont en dormance.
« Un arbre blessé attire les insectes », explique M. Francoeur.
Plus d’arbres traités
Les arbres ont bénéficié aussi d’une conjoncture économique favorable. Lorsque la Ville-centre a lancé ses appels d’offres, les soumissionnaires ont été largement sous les estimations.
Cela a généré un surplus qui a permis de traiter plus d’arbres et surtout favoriser la conservation des spécimens les plus beaux.
Dans les procédures adoptées, les arbres dont les troncs mesurent moins de 20 centimètres de diamètre, même en bonne santé, sont abattus.
« La ville ne perdra pas tous ses frênes, rassure le spécialiste. Mais moins le nombre de frênes est important, moins les risques d’infestation sont dramatiques. »
Pour lui, d’année en année, le danger va en s’amenuisant, du moins pour les arbres sur le domaine public.
La part des citoyens
L’autre pendant de cette lutte implacable demeure les arbres sur le domaine privé. Comme on le sait, les jardins d’Ahuntsic-Cartierville ornés de frênes sont nombreux.
L’arrondissement a décidé de rembourser les 84 $ exigés aux citoyens pour un permis et une inspection de leurs arbres. Il faut s’assurer toutefois qu’il s’agit de frênes, car au cas où c’est une autre essence, les 84 $ sont dus.
Par ailleurs, des facilités sont accordées pour entreposer le bois mort des frênes abattus, gratuitement. Le lieu de dépôt sera bientôt désigné.
Une soirée d’information est également prévue le 21 octobre à l’arrondissement pour informer le public des mesures à prendre pour lutter contre l’agrile du frêne.
Si les risques sont de moins en moins importants pour les arbres des rues et des parcs, ceux du domaine privé demeurent menacés tant que les citoyens ne prennent pas les dispositions qui s’imposent. Si on estime que le coût d’abattage se situe entre 500 $ et 1200 $, M. Francoeur conseille de magasiner avant de trouver le bon artisan pour faire enlever son arbre.
Quant au traitement au TreeAzin, il revient selon le diamètre de l’arbre de 50 $ à 1000 $ et il ne peut être administré que par un spécialiste certifié. Le traitement doit être renouvelé au moins tous les deux ans jusqu’à la disparition de l’infestation dans l’ère géographique concernée.