Menacé par un policier pour une moto non conforme
«Tu vas voir, une shot [de poivre de Cayenne] dans les dents, ça fait mal», a lancé un policier à un motocycliste qu’il venait d’intercepter à Montréal-Nord parce que son tuyau d’échappement était non conforme. Le Comité de déontologie policière a jugé que l’agent Éric Locas «a abusé de son autorité en intimidant ou faisant des menaces au citoyen Giuliano Odorisio».
Dans sa décision rendue le 22 janvier, le Comité a indiqué «qu’à l’évidence, les propos menaçants et intimidants du policier à l’endroit de M. Odorisio constituent également un manque de respect et de politesse.»
L’agent Locas devrait connaître sa sentence le 5 février prochain. Sa peine pourrait aller du simple blâme au congédiement.
Il frappe sa moto
Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés le 23 juin 2013.
Par une belle journée chaude, M. Odorisio avait décidé d’aller faire une randonnée de moto avec un ami résidant à Montréal-Nord.
Vers 11h45, il a donc traversé le pont Pie-IX en direction sud aux commandes de sa Harley Davidson Softail 2005 noire.
À ce moment, l’agent Locas se trouvait seul dans son autopatrouille garée plus au sud, au coin de la rue d’Amos. En entendant le grondement du moteur de la moto, il a estimé que son tuyau d’échappement était non conforme à la réglementation. Le policier a donc intercepté le motocycliste.
«L’agent a alors informé M. Odorisio qu’il est expert en auto et en moto modifiées et lui a demandé ses papiers», peut-on lire dans la décision du Comité de déontologie policière.
Un peu plus tard au cours de l’interaction, le policier s’est appuyé sur l’aile de la moto afin de ne pas perdre l’équilibre en se penchant pour vérifier le tuyau d’échappement.
«M. Odorisio a dit au policier que, s’il avait des vérifications à faire, il ne devait pas toucher à sa moto», selon le récit retenu par le Comité.
«L’agent Locas s’est alors levé et a commencé à frapper le siège de la moto avec le poing fermé de sa main droite, pendant une dizaine de secondes. Il a donné plusieurs coups et il a crié. En état de choc, M. Odorisio n’était pas en mesure de comprendre les paroles du policier.»
L’agent Locas a expliqué que cette manœuvre visait plutôt à vérifier la suspension de la moto.
«Le policier a ensuite fait le tour de la moto, s’est approché de M. Odorisio et a mis le poing près de son visage, avant de sortir sa bonbonne de poivre de Cayenne avec sa main droite et de lui dire “Ça, dans les dents, ça fait mal, c’est pas une joke, c’est des faits”», poursuit-on dans le document de déontologie.
M. Odorisio a alors contacté le 911. Il a raconté au Comité qu’il était convaincu que l’agent Locas tentait de le provoquer.
Déontologie
Outre le tuyau d’échappement non conforme, l’agent Locas a noté que les feux de la moto n’étaient pas conformes, que le miroir était trop petit et qu’il manquait des réflecteurs.
En moins d’une semaine, M. Odorisio s’est conformé à la réglementation et a déposé une plainte en déontologie policière.