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Classes d’accueil: sous les feux de la rampe dans une langue étrangère

Photo: Mohamed Ariba

Depuis le mois de janvier, les quelque 110 élèves des classes d’accueil de l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont (PGLO) participent à des cours d’art dramatique uniques en leur genre. Provenant des quatre coins du monde, ils ont accepté de partager, d’écrire et finalement, de jouer leur histoire en français: une langue qui n’est pas la leur.

Parfois malhabiles avec le français, souvent introvertis, ces étudiants tentent de faire leur place dans un monde dont ils ne comprennent pas encore tous les codes.

«Certains sont arrivés il y a deux ans et d’autres, il y a un mois, raconte le directeur adjoint de PGLO, François Medzalabenleth. Alors c’est un pari plus qu’audacieux que de leur demander de s’exprimer dans une langue qui n’est pas la leur sur une scène.»

Un défi que les élèves en francisation ont pourtant relevé avec brio.

«Je dirais même que ce programme transcende les limites de l’école», soutient M. Medzalabenleth.

L’intégration en tableaux
La pièce Bagages 2, est une série de tableaux allant du déracinement à l’intégration, en passant par les souvenirs du pays d’origine et la douleur d’être étranger.

«Je ne comprends pas un son, pas une syllabe, pas un mot, lance un élève durant le tableau sur l’apprentissage du français. Mais quand on me le demande je dis que j’ai tout compris.»

L’apprentissage de cette nouvelle langue n’est qu’un des obstacles que traversent les immigrants, qui doivent conjuguer avec le fait d’avoir une nouvelle maison, une nouvelle école, une nouvelle langue, une nouvelle culture, un nouveau sport national comme une nouvelle alimentation, «mais qui suis-je au juste», se questionne une élève sur scène.

L’orgueil, la peur, la gêne, les nouveaux arrivants des classes de secondaire 1 à 5 de PGLO doivent conjuguer avec tous ces sentiments.

«J’ai vu des élèves introvertis littéralement explosés pendant ce projet », raconte Connie Vachon, professeure à PGLO. C’est en discutant et en faisant de l’improvisation que les élèves ont raconté à leur professeure d’art dramatique, Mélissa Lefebvre, ce qui les a surpris et déstabiliser à leur arrivée au Québec.

«Ce qui est intéressant, c’est que les élèves du régulier qui viennent assister à la pièce apprennent eux aussi quelque chose, explique le directeur adjoint. Ca les sensibilise à la réalité des immigrants.»

PGLO mène ce projet pour une deuxième année et désire qu’il grandisse au sein de l’établissement dans les années à venir, «on veut aller encore plus loin parce que la diversité est une force», soutient M. Medzalabenleth.

Le 26 et 27 mai, plus de 800 parents, élèves, enseignants et membres de la communauté ont applaudi chaudement cette œuvre aussi touchante que vraie, chapeautée par les professeures Mélissa Lefebvre, Connie Vachon et Aliona Munteanu.

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