Simon Delisle, à grandes doses d’humour
«Le rire est le meilleur des remèdes.» Voilà une phrase que Simon Delisle a souvent entendue. Et qu’il a lui-même répétée. Agissant comme un sirop contre la morosité, Avaler la pilule, le nouveau show solo que l’humoriste présente à Zoofest, suit d’ailleurs cette idée. Ce désir de dédramatiser par les gags, de se bidonner du lourd, de parler de maladie et de soutirer des «ha» ravis, plutôt que des «oh» tristes. Ah!
C’est peut-être parce qu’il porte ce jour-là une chouette casquette des Expos et un t-shirt de pingouin, mais au premier abord, Simon Delisle ne nous semble pas être un gars stressé. Et il s’adonne qu’en effet, stressé, Simon ne l’est guère. Jamais. La première imminente de son show à Zoofest? Certains diraient : «J’ai un peu, euh, le trac.» Lui s’exclame plutôt: «J’ai hâte!» Le triple refus qu’il a essuyé avant de finalement être accepté à l’École nationale de l’humour? Bien des gens auraient moyennement envie d’en parler. Lui? «Pas du tout! Au contraire! Ça fait partie de mon trajet! J’en suis très fier, même!» s’exclame-t-il avec entrain.
Ah, pis, tant qu’à y être, le mouvement geek auquel on l’associe? Les superhéros, les jeux vidéo, les lunettes, la science, Génie en herbe… tout ça? Ça ne le tanne pas à la longue? «Mais non! Si j’étais associé, genre, aux néonazis, là je capoterais, mais être associé à Optimus Prime, c’est quand même relaxe.»
Eh oui, assis tranquille sur la terrasse au vingt-quelque-ième étage (en tout cas vraiment haut) de Zéro Musique, agence de gérance qui compte aussi dans ses rangs sa comparse Korine Côté, Simon Delisle semble ravi de parler de son métier. Un métier qu’il aime au point d’en avoir déjà fait un numéro et dont il «vit depuis janvier 2011». «Je ne fais RIEN d’autre. Je me lève en faisant de l’humour et je me couche en faisant de l’humour.» Hmm, hmm. Simon est un homme heureux.
Et pas pour rien. Il écrit, écrit, écrit. Beaucoup. Pour la télé, pour des galas, pour des confrères humoristes. Il «adore ça». Mais ce qu’il aime par-dessus tout, ça reste la scène et le contact avec le public, le monde. Et les petites bêtes. Dans ses monologues, le tout-juste-trentenaire y fait souvent référence. Il salue les rats (histoire vraie: il en a eu), les dauphins, les chats, les lapins (histoire vraie bis: il en a eu aussi… quand ses «rats sont morts»).
«Je fais beaucoup d’allusions aux animaux, à la culture pop, à la télé, au cinéma, à la bouffe, parce que ce sont des référents connus. Un lapin, tout le monde sait c’est quoi. Tout le monde sait comment ça agit. Tout le monde sait ce que ça fait dans la vie.» – Simon Delisle
Comptant parmi ses modèles les grands Dave Chappelle, Bill Burr et Martin Petit («Le micro de feu est probablement le show qui m’a le plus fait rire de ma vie»), Simon aime, lui aussi, s’amuser dans les lignes du stand-up. Une ligne, justement. Un punch. «Le moins de mots possible jumelés au plus grand nombre de gags possibles».
Dans le même esprit, il aime passer d’un sujet à l’autre, sautiller sur le thème des pires jobs du monde, pour passer à la pire job qu’il ait jamais eue, lui, aux moines, au pèlerinage, à la crème molle. Et ça marche. Il surfe et s’éloigne du bord, tranquille, mine de rien, comme ça, jusqu’à ce qu’on se rende compte, ouah, qu’on est rendus loin, là!
Il précise toutefois que si son dernier show, présenté en 2013, était composé de ses «meilleurs numéros mis ensemble», dans Avaler la pilule, il explore un thème central. La maladie. Avec laquelle il vit depuis longtemps. Mais la dernière chose qu’il voudrait que vous fassiez en lisant cette information, c’est : «Ah, non, pauvre lui». Il veut coûte que coûte «éviter le malaise, la pitié, le oooooh, on serre les dents». Son but? «Trouver la façon de faire rire les gens en traitant de choses comme la prise de médicaments.»
Comment il y parvient? En riant en premier. Bam. De façon frontale. Tout en dénonçant le manque de tact des commentaires qu’il entend souvent, il blague que ben oui, il a «l’air d’un Tim Bits, d’un Minion, d’une poupée Bout d’chou». Pis, ça?
«Savoir rire des choses, ça dédramatise tout ça. J’ai été malade, oui, mais rien à voir avec ceux qui ont des leucémies, des fibroses kystiques ou des maladies qui bouffent leur vie! J’ai vu des enfants tellement heureux de juste jouer qu’ils ne se souciaient même pas de leurs problèmes de santé!»
Inspiré par cette énergie, dans Avaler la pilule, pour lequel il a collaboré avec son complice Martin Perizzolo (le joueur-de-tennis-qui-joue-jamais-au-tennis dans Les beaux malaises), le jeune homme explore ses soucis de santé «en profondeur», oui. Mais pas que ça. «Je parle aussi de mon projet d’avoir des enfants, des chicanes de couple, de l’époque où j’ai consommé de la marijuana de façon récurrente. J’ai un plaisir fou à faire ce show. Il y a sûrement un côté thérapeutique là-dedans!»
Avaler la pilule
Jusqu’au 1er août