Le père Noël est-il Canadien?
Selon la légende, le père Noël a établi son royaume des jouets sur la calotte polaire du pôle Nord. Si c’est bien le cas, l’homme le plus généreux de la planète est-il Canadien? Tout indique qu’il serait plutôt Danois ou Russe.
L’enjeu de l’Arctique
Le pôle Nord en soi n’a aucun intérêt outre le fait de se vanter d’accueillir le citoyen le plus célèbre de la Terre en décembre. «Le pôle Nord est à une très grande profondeur. C’est le plancher océanique. Il n’y a pas de ressources là. Par contre, dans la dorsale de Lomonosov, ce n’est pas impossible qu’il y ait des ressources exploitables. Pour les États, c’est le principe de précaution qui s’applique. On veut aller chercher le plus grand territoire possible au cas où l’on découvrirait quelque chose», explique le géographe Frédéric Lasserre. Selon lui, il pourrait s’écouler encore plus de 20 ans avant que le dossier ne soit véritablement classé.
La Loi sur les mers
Chaque État est souverain dans les eaux qui bordent ses côtes jusqu’à une distance de 200 milles marins. Dans cette zone, le pays peut y exploiter en exclusivité les ressources naturelles. Au-delà de cette distance, pour obtenir une zone élargie, les gouvernements doivent démontrer scientifiquement jusqu’où s’étend leur plateau continental.
H0H 0H0
S’il n’en tenait qu’à Poste Canada, la citoyenneté du père Noël ne ferait aucun doute. Tous les Canadiens savent très bien que le père Noël a une adresse canadienne! Le code postal H0H 0H0 permet à 1,5 million d’enfants d’écrire au généreux personnage chaque année.
Canada: Officiellement, le Canada affirme vouloir réclamer l’extension de son territoire jusqu’au Pôle Nord. Sa position repose sur «un titre historique», indique le ministère des Affaires mondiales. Il a déposé un dossier préliminaire à la Commission des limites du plateau continental le 6 décembre 2013.
Selon le professeur de l’Université Laval Frédéric Lasserre, l’ex-premier ministre Stephen Harper aurait retenu le document complet. «Ce qui laisse croire que les fonctionnaires ne croient pas beaucoup en les chances du Canada d’obtenir un prolongement jusqu’au Pôle Nord», analyse celui qui enseigne la géopolitique de l’Arctique.
Depuis l’élection du gouvernement libéral de Justin Trudeau, le ministère des Affaires mondiales «travaille à une mise à jour de sa position sur l’Arctique». Le programme électoral du PLC ne contenait aucune indication sur la position du parti à propos de la revendication du pôle Nord.
Le ministère poursuit sa collecte et son analyse de données scientifiques pour permettre au Canada d’obtenir la reconnaissance internationale de toute l’étendue de son plateau continental.
Russie: Après avoir essuyé un premier refus de la Commission des limites du plateau continental en 2001, la Russie revient à la charge. Avec un dossier plus étoffé, l’État veut démontrer que la dorsale de Lomonosov, qui traverse l’Arctique, serait le prolongement de sa plaque continentale.
En août 2007, la Russie a déposé un drapeau au fond de l’océan Arctique pour symboliser sa souveraineté. Un geste payant en capital politique, mais qui n’a «aucune valeur juridique», indique le professeur Frédéric Lasserre.
Danemark: D’après le Danemark, la dorsale de Lomonosov, qui traverse l’Arctique, serait le prolongement de la plaque continentale du Groenland. L’État prétend en avoir fait la preuve et c’est l’argument qu’il défend auprès de la Commission des limites du plateau continental.
États-Unis: Peu importe les prétentions des Américains, ceux-ci ne peuvent tout simplement pas déposer de dossier devant la commission puisqu’ils n’ont jamais ratifié l’accord sur le droit de la mer. Le professeur Frédéric Lasserre croit très peu probable que les États-Unis tentent d’extrapoler le territoire de l’Alaska jusqu’au Pôle Nord.
Norvège: Moins gourmande, la Norvège a obtenu une réponse favorable à ses réclamations de territoire étendu au large de l’océan Arctique. Jamais le petit État scandinave n’a prétendu toutefois à prendre possession du Pôle Nord.
Islande: Tout comme les Norvégiens, les Islandais ont déposé des demandes à la commission, mais ne s’aventurent pas jusqu’au Pôle Nord.