Soutenez

Cri du coeur pour la lutte à l’itinérance

Photo: TC Media/Catherine Paquette

Le Foyer de jeunes travailleurs et travailleuses de Montréal (FJTTM), une ressource d’hébergement de transition dont le financement fédéral est arrivé à échéance, lance un appel à l’aide. S’il n’arrive pas à combler un manque à gagner de 50 000$, près de 20 jeunes pourraient être à la rue, cette année.

Comme plusieurs organismes, l’entente du Foyer en vertu de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) se terminait le 31 mars. Ils attendent avec impatience de voir si les fonds annoncés dans le budget libéral de Justin Trudeau leur permettront de poursuivre leur mission.

Le Foyer a besoin de ce montant pour maintenir un intervenant en poste. Sans sa présence, l’organisme devrait fermer huit chambres, occupées par une vingtaine de jeunes chaque année.

«Nous soutenons des personnes avec cet argent, on les maintient loin de la rue et on les aide à acquérir une autonomie. On ne veut absolument pas fermer de chambre», clame la directrice de l’organisme, Jacinthe McCabe.

Bien qu’il ait reçu un montant d’urgence de 10 000$ de la Société d’habitation populaire de l’est de Montréal (SHAPEM), et un soutien de 2000$ de Québec, le FJTTM est à la recherche de solutions.

«Le 12 000$ nous permet de tenir pendant deux ou trois mois. Ça nous donne un peu d’air le temps qu’on poursuive nos démarches. On a demandé de l’argent dans des budgets discrétionnaires et on cherche également des fonds privés», explique Mme McCabe.

Espoir

Le nouveau budget du gouvernement Trudeau injecte 8 M$ de plus pour la région de Montréal en 2016 dans la SPLI, soit 50% de plus que les conservateurs. Cela a de quoi rassurer les organismes qui ont subi des coupes au cours des dernières années.

Toutefois, il leur faudra attendre avant de bénéficier de ces fonds gérés par le palier de gouvernement provincial.

«Cette nouvelle enveloppe est une bonne nouvelle, mais c’est clair que pour les organismes, ça arrive tard, entre autres, pour maintenir les services. Ça va prendre des mois avant que l’argent soit distribué», explique Pierre Gaudreau, coordonnateur du Réseau d’aide aux personnes en situation d’itinérance de Montréal (RAPSIM).

M. Gaudreau, comme les organismes, appelle à un règlement des ententes et au lancement des appels de projets le plus rapidement possible.

Le RAPSIM rencontrait cette semaine ses partenaires des services sociaux, de la Ville de Montréal et du gouvernement du Québec afin de mettre sur pied une nouvelle entente avec le gouvernement Trudeau.

Coupes

Les décisions du gouvernement conservateur dans les précédents budgets ont eu des répercussions importantes sur le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Certains ont été complètement coupés, tandis que d’autres ont perdu entre 30 et 70 % du financement.

«Les conservateurs ont employé l’approche Logement d’abord de la SPLI plutôt que de financer des missions globales, ce qui a nui à plusieurs organismes, dont les missions ne fonctionnaient plus avec cette approche», indique Marjolaine Boutin-Sweet, députée fédérale de Hochelaga et porte-parole en matière de logement au Nouveau Parti démocratique.

L’organisme Dopamine, qui œuvre en toxicomanie, a perdu tout son financement provenant de la SPLI, ce qui l’a obligé à couper un intervenant en travail de rue et en prévention de la toxicomanie. Le CAP Saint-Barnabé a également perdu deux postes pour le maintien de son refuge de nuit aux itinérants.

La Maison Oxygène, qui héberge des pères monoparentaux, a également été touchée par les compressions. «Nous avons perdu environ 40% de notre financement fédéral. On a dû éliminer un poste d’intervenant et réduire considérablement notre offre matérielle d’aide aux papas comme l’aide alimentaire», fait savoir Manuel Prats directeur de la Maison Oxygène située sur l’avenue d’Orléans.

Des rencontres sont prévues entre les différents paliers de gouvernement afin de clarifier l’approche à préconiser pour répartir l’argent entre les organismes.

En bref

«J’ai le soutien dont j’ai besoin ici pour apprendre comment vivre en logement. J’apprends à faire mon budget, à vivre en appartement. Ces outils vont me servir quand je sortirai», confie Blek Louissaint, résident du Foyer des jeunes travailleurs et travailleuses de Montréal depuis l’été dernier. Le jeune souhaite se trouver un emploi dans le domaine culinaire.

Nicholas Lefrançois souhaite quant à lui obtenir son diplôme d’études secondaires et travailler plus tard en travail social. «Les organismes qui luttent contre l’itinérance sont le prolongement des services sociaux. Lorsque les jeunes sortent de l’hôpital, d’un centre jeunesse, d’un centre de désintoxication, ils viennent ici sécuriser leur retour à la vie active et tout ce qui a été fait comme intervention auprès d’eux. Ils ne se lancent pas dans le vide», explique le coordonnateur du FJTTM, Yannick Kabasha.

«Ça prend du temps pour les organismes de créer un lien avec les utilisateurs. Le rétablissement rapide des ententes est nécessaire pour ne pas interrompre les services», martèle le coordonnateur du RAPSIM, Pierre Gaudreau.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.