Histoires de triche
Il fut un temps où l’athlète qui trichait s’adonnait automatiquement à un sport extrême. Extrême dans le sens où, s’il se faisait pincer, il avait l’air extrêmement fou. Suffit de remonter dans l’histoire olympique pour faire une recension de quelques exemples plus que rocambolesques.
Prenez le cas du premier à franchir le fil d’arrivée lors du marathon des Jeux de 1904 qui avait pu compter sur un «lift» en voiture de son entraineur avant de faire une entrée triomphale dans le stade sous les clameurs de la foule. À Los Angeles, en 1932, la gagnante du 100 m chez les dames avait omis de communiquer un léger détail aux officiels avant la compétition : «elle» était en fait un «il». Ce n’est qu’un demi-siècle plus tard, lors de son autopsie, qu’on le découvrit. Et que dire du pentathlète de l’URSS qui s’était fait sortir des Jeux de Montréal pour avoir dissimulé un piton dans la poignée de son épée qui déclenchait le détecteur de touche. Pas très subtil…
Depuis le temps, les mécanismes de la tricherie se sont raffinés. Aujourd’hui, les utilisateurs de produits dopants ne ressemblent plus à Bigfoot, et les méthodes de contrôle pour les mettre en échec sont sans cesse déjouées. La preuve, malgré toutes nos avancées scientifiques, des dizaines d’athlètes qui avaient participé aux Jeux de Londres de 2012 ont été disqualifiés pas plus tard que la semaine dernière, presque quatre ans après leurs méfaits. Et on se demande encore qui sont les vrais coupables qu’on doit punir : les athlètes, les entraîneurs, les fédérations, les pays? Vient qu’on sait pu trop, tellement le problème est institutionnel.
La dernière tuile à nous être tombée dessus s’est décrochée de notre propre plafond quand on a appris – avec grand étonnement – l’affaire de Lucian Bute. Comme plusieurs, quand j’ai entendu la nouvelle à la radio, la première chose qui me soit passée par l’esprit fut : «Ben voyons donc, pas lui!» S’il y en a un vers qui je n’aurais jamais dirigé mes soupçons…
Bute l’irréprochable, le modèle, le vrai de vrai. Une des rares fleurs à tige droite parmi les mauvaises herbes du jardin pas toujours bien entretenu du monde de la boxe.
Ce coup-là est plutôt difficile à encaisser. Lui-même ne semble pas y croire et affirme haut et fort ne jamais avoir pris de cette merde. Oui, je sais, la cycliste Geneviève Janson a déjà juré la même chose devant un parterre de témoins pour ensuite revenir platement sur sa triste imposture. Mais bon, c’est pas parce que Geneviève a menti qu’on doit accuser Lucian de faire pareil. Sauf que…
Sauf que, pour le moment, qu’il soit coupable, innocent ou quelque chose entre les deux, notre Lucian a un peu l’air fou. Ou égaré. Ou dépassé. Et certes mal foutu. Peu importe l’issue de cette histoire qui s’embrouille de jour en jour avec l’ajout de moult détails scabreux, une trace suspecte demeurera à tout jamais sur la fiche de ce boxeur qu’on aime bien.
C’est bien plate pour lui. Et tout aussi plate pour nous. Y’a vraiment pu moyen d’avoir confiance en rien.
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Comment réagiriez-vous si vous appreniez qu’on avait rebaptisé la salle de conférence le Conseil du Patronat du Québec du nom de Michel Chartrand? Ben, quand j’entends parler de la luxueuse Suite 2116 de l’hôtel Godin, située dans l’ancienne piaule de Dédé Fortin, c’est exactement comme ça que je me sens. Dorénavant disponible pour la modique somme de 500$ la nuitée, disons que ça nous emmène assez loin du Kraft-Dinner et des tartes aux patates qu’on y servait jadis…
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La course à la chefferie du PQ n’est vieille que de deux semaines que déjà elle m’ennuie profondément. J’ai l’impression que le temps sera long d’ici le résultat du 7 octobre. On aura le temps d’y revenir. Tellement…