Réussir après le décrochage scolaire

Depuis qu’il a mis les pieds dans le système d’éducation, Mathieu Clermont âgé de 24 ans s’est toujours senti en marge du système. Après avoir décroché cinq fois, il étudie maintenant à L’école du milieu LaSalle afin d’acquérir des connaissances pour un jour être capable de rénover des maisons.
Son parcours ressemble à celui de beaucoup de décrocheurs: trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), manque de ressources, intimidation, marginalité… la liste est longue. Toutefois, en pleine semaine des apprenants adultes de LaSalle, qui se déroulait du 1er au 5 mai, l’exemple de ce raccrocheur en est un de réussite.
Quand on discute avec l’étudiant, ce n’est pas son regard intense ou ses cheveux verts qui marquent le plus. C’est l’acharnement qu’il a mis pour continuer, pour avancer, malgré les obstacles.
«Au secondaire, on met les élèves en difficulté tous ensemble dans un coin pour mieux les oublier», déplore-t-il. Alors qu’il avait des problèmes de concentration et que la médication ne fonctionnait pas, le jeune homme raconte s’être retrouvé dans une classe très bruyante, avec un professeur débordé. Il est finalement parti rejoindre le monde du travail.
«L’école pour adultes n’était pas tellement mieux, se souvient-il. Ils te donnent un cahier et tu es censé le remplir. Et le prof est encore débordé.» Alors que cette formule fonctionne pour certains, le jeune homme aurait eu besoin qu’on l’encadre et qu’on lui donne des trucs pour apprendre malgré son TDAH.
Aujourd’hui, Mathieu Clermont a raccroché. La formule offerte à l’École du milieu LaSalle, qui existe depuis 2016, semble fonctionner. «Ici, mon déficit de l’attention fait partie de mon apprentissage, on m’a aidé à trouver des trucs pour mieux me concentrer», explique-t-il.
«L’enfant pauvre»
Cette école hors-norme organise, en plus de l’enseignement régulier, des activités qui permettent aux 17 étudiants de la cohorte de connaître leurs intérêts. Du jardinage, une exposition artistique et des visites au musée sont au menu.
Julien Lafontaine, qui travaille comme intervenant dans l’établissement situé sur la 90e, insiste sur le fait que «l’enseignement ne doit pas être seulement académique. Il existe mille façons d’apprendre. Le savoir devrait être plus valorisé, mais pas juste par l’obtention de diplôme et d’un futur salaire». Selon lui, cette course au bout de papier crée une pression inutile sur ceux qui ne passent pas par un cheminement conventionnel.
«L’enseignement aux adultes, c’est l’enfant pauvre de notre système d’éducation».
— Julien Lafontaine, intervenant à l’École du milieu LaSalle
M. Lafontaine croit qu’il n’a pas d’âge pour être curieux, pour retourner à l’école. Cependant, il souligne le manque de ressources pour aider les décrocheurs
Selon lui, il faudrait surtout varier l’offre, les méthodes d’enseignement pour que ça fonctionne. Mais, l’éducation aux adultes est loin d’être la priorité.