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Le RAPLIQ déplore le refus d’un chien Mira dans un hôtel montréalais

Jacques Bisson et son chien Mira Photo: Collaboration spéciale

En refusant l’accès à un homme handicapé et à son chien Mira en juin 2017, la résidence universitaire Evo, dans le Vieux-Montréal, a fait preuve de «capacitisme» et a contrevenu à la Charte des droits et libertés, s’insurge le Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ).

«La Fondation Mira produit des chiens d’assistance depuis 25 ans cette année, a observé la directrice générale du RAPLIQ, Linda Gauthier, mercredi. Nous pensions que la société était habituée à ça, mais nous nous sommes rendus compte que non.»

Le 4 juin 2017, Jacques Bisson, un résidant de Saint-Jean-sur-Richelieu atteint de paraplégie, décide de contacter les résidences Evo, dans le Quartier des spectacles. À l’approche de la saison des festivals, l’ancien homme d’affaires souhaite séjourner à Montréal, et ce, à prix moindre que dans les hôtels de la région.

Il décide de passer par le système de clavardage du site. Lorsqu’il avertit le préposé de sa condition, on lui répond qu’il n’y a pas de problème et qu’il aura accès à une chambre adaptée dans l’hôtel.

C’est par la suite que l’échange tourne au vinaigre. Dès que M. Bisson parle de son chien d’assistance, on lui répond que «nous n’acceptons pas d’animaux au Evo Montreal».

«J’ai expliqué que j’avais besoin de lui pour me déplacer, comme je voyage seul, a résumé M. Bisson en entrevue avec Métro. C’est comme si je me déplaçais en marchette et qu’ils me disaient que je n’y avais pas droit.»

Les mois qui ont suivi ont été particulièrement difficiles pour M. Bisson, qui «[n’a] rien fait de l’été», malgré ses habitudes de voyageur. «Ça m’a choqué, a-t-il lancé. Je me suis senti comme un citoyen de deuxième classe. Mon handicap a paru gros.»

Le RAPLIQ pour l’appuyer
M. Bisson a fini par contacter le RAPLIQ, après avoir mijoté l’idée de faire une plainte. Il n’en fallait pas plus pour que l’organisme de protection des personnes handicapées réagisse.

C’était la première fois que Jacques Bisson subissait une situation du genre. Lors de ses nombreux trajets, pour aller voir les Blue Jays à Toronto par exemple, «jamais [n’avait-il] eu de problèmes». Pour le RAPLIQ, qui reçoit 7 ou 8 plaintes en lien avec les chiens Mira par année, il était indispensable d’amorcer un dialogue avec Evo.

Le groupe a exigé des explications de la part d’Evo, mais il a très vite frappé un mur. «On nous disait que le préposé était jeune et que tout le monde a le droit à l’erreur, et ça, on peut le concevoir, a expliqué Mme Gauthier. Mais quand on leur a parlé d’adopter une politique d’accessibilité et de faire un témoignage de 15 minutes à leurs employés, ça nous a été refusé.»

M. Bisson ne croit pas à l’argument du jeune employé. «Pendant que nous clavardions [pour réserver ma chambre], des fois, c’était long, s’est-il remémoré. D’après moi, il est allé demander à quelqu’un. Même s’il était jeune et ne le savait pas, c’était à lui de s’informer.»

Mme Gauthier déplore qu’Evo n’ait fait aucun geste pour se racheter de son erreur. L’entreprise n’a envoyé aucune excuse formelle.

Métro a contacté les résidences Evo du Vieux-Montréal, qui n’ont pas donné suite à nos demandes d’entrevue.

Après avoir déposé une plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, le RAPLIQ a tenté de s’entendre avec Evo en médiation, sans succès. L’entente proposée par la compagnie de résidence était «inacceptable», a dit Mme Gauthier. Son équipe compte désormais exiger une enquête de la commission. À terme, le cas pourrait se rendre devant le Tribunal des droits de la personne, à moins d’une entente hors cours.

Un chien indispensable
La Charte des droits et libertés de la personne établit au Québec que «nul ne peut, par discrimination, empêcher autrui d’avoir accès aux moyens de transport ou aux lieux publics». Si un établissement a tous les droits de refuser l’entrée à un animal domestique, les chiens d’assistance font exception à la règle.

«Ce chien-là, c’est mes jambes, a illustré M. Bisson. Il m’aide dans mes déplacements, pour enlever mes vêtements. C’est comme si j’avais une préposée avec moi qui m’aidait.»

Les préjugés persistent à l’égard des personnes en situation de handicap, selon Linda Gauthier. «Ces gens-là [Evo], non seulement ils ne sont pas aux courants de la situation, mais ils n’ont pas envie d’en savoir plus», a-t-elle déploré.

«C’est une situation trop fréquente, a-t-elle poursuivi. Si ce n’est pas une personne aveugle, on assume qu’elle n’a pas besoin d’un chien.»

Si le refus d’Evo l’a longtemps découragé de retourner à Montréal, Jacques Bisson ne s’empêchera pas de revenir dans la métropole. Il espère que sa situation pourra ouvrir des yeux. «Je ne veux pas que ça n’arrive plus jamais à personne», a-t-il dit.

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