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Dégradation de la Canada Malting: il y a urgence d’agir, selon Héritage Montréal

Canada Malting
En 2013, un projet de 700 condos avait été bloqué par les résidants qui désiraient un projet 100% communautaire. Photo: (Photo: TC Media - Archives)

Alors que des citoyens membres d’un regroupement collectif ont de nouveau manifesté devant l’hôtel de ville de Montréal lundi soir pour demander la mise en réserve du terrain de la Canada Malting, le directeur des politiques à Héritage Montréal, Dinu Bumbaru, estime que le temps presse pour entamer la conversion de l’ancienne malterie avant que sa dégradation ne soit trop importante.

«Si les matériaux se sont tellement détériorés que les structures deviennent dangereuses, ce sera perdu», a déclaré lundi à Métro M. Bumbaru, qui affirme qu’«il y a urgence d’agir» pour assurer la préservation de cette ancienne malterie, dont les silos en terre cuite se dégradent rapidement. 

L’ancienne malterie, construite en 1905, est à l’abandon depuis 1985. Le collectif «À nous la Malting», qui est composé d’organismes communautaires et de résidants du quartier Saint-Henri, propose depuis quelques années d’y aménager plus d’une centaine de logements sociaux, un pôle alimentaire ainsi que des locaux dédiés à des entreprises d’économie sociale.

Lundi soir, une vingtaine de membres du collectif ont manifesté devant l’hôtel de ville et assisté à la période de questions de la séance du conseil municipal pour réclamer la mise en réserve de ce site, comme il l’avait déjà fait en mai 2017.

La Ville de Montréal, qui se dit ouverte à collaborer avec le collectif citoyen, attend toutefois que celui-ci lui remette un projet concret avant d’envisager d’acheter et de mettre en réserve le site, qui a une superficie de plus de 21 500 m2.

«Si on voulait aller de l’avant [avec la mise en réserve de ce terrain], ça voudrait dire l’acquérir d’une entreprise privée et pour faire ça, ça nous prend un projet solide», a expliqué à Métro la conseillère municipale dans l’arrondissement du Sud-Ouest, Anne-Marie Sigouin.

«Un dossier comme ça ne se prépare par tout seul. On a besoin de la collaboration de la Ville», a rétorqué la coordonnatrice de l’organisme Solidarité Saint-Henri, membre du collectif, Shannon Franssen.

Anne-Marie Sigouin a toutefois indiqué que la Ville de Montréal a offert un montant de 10 000$ au collectif pour qu’il peaufine au cours des prochains mois son projet afin que celui-ci possède un montage financier «solide».

«Le groupe À nous la Malting, jusqu’à maintenant, nous a exposé une vision, mais pas de projet concret», a ajouté l’élue en entrevue à l’hôtel de ville.

Projet privé
Actuellement, ce terrain est détenu par l’entreprise immobilière Renwick Development, qui a développé un projet de plus de 100M$ pour ce site. Celui-ci inclut notamment la construction de 240 unités de logements dédiés à des familles, dont 65 logements sociaux, ainsi qu’un atelier d’artistes, une épicerie et un centre d’éducation pour les enfants autistes.

«On a fait une recherche monstrueuse pour voir quels sont les besoins en logements sociaux et nous allons proposer une mixité sociale qui va adresser les besoins réels du quartier», a fait valoir en entrevue le fondateur de la compagnie immobilière, Noam Schnitzer. 

Ce dernier a par ailleurs souligné que son projet ne nécessiterait aucun financement de la part des différents paliers de gouvernement, car son entreprise assumerait l’ensemble de la facture du projet. L’entreprise devra toutefois attendre que la Ville de Montréal change le zonage du site pour permettre les développements résidentiels avant d’entamer les travaux de conversion du site.

«Il y a une certaine façade communautaire à ce projet, mais quand on creuse, on réalise que les 65 unités de logements sociaux proposés ne répondent pas du tout aux besoins du secteur», qui constitue  «un coin très défavorisé [du quartier] Saint-Henri», a répliqué Mme Franssen. Cette dernière estime par ailleurs que l’entreprise privée aménagera des «condominiums de luxe» dans l’ancienne malterie, ce qu’a nié Noam Schnitzer. 

«Ça prend un capitaine»
Le directeur des politiques à Héritage Montréal demande à la Ville de Montréal de prendre rapidement ce dossier en main afin que des travaux qui permettront de convertir ce site tout en assurant la conservation de «l’authenticité» de celui-ci puisse enfin aller de l’avant.

«Ça prend un capitaine. Il faut que la Ville et l’arrondissement se positionnent et prennent le leadership de ce dossier», a déclaré Dinu Bumbaru, qui estime que la Ville devrait entamer prestement le processus de changement de zonage du site afin qu’un projet de conversion puisse y être réalisé. 

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