Accoucher autrement grâce à une sage-femme
De plus de plus, les futures mamans désirent vivre un accouchement selon leurs valeurs. Cinq d’entre elles ont eu recours aux soins d’une sage-femme depuis l’implantation de ce service à la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles en décembre.
«Au total, une quarantaine de femmes sont suivies actuellement. Elles viennent principalement de Pointe-Saint-Charles, des quartiers du Sud-Ouest et Verdun», précise l’agente de communication, Geneviève Lambert-Pilotte.
Gabrielle Marceau a choisi d’accoucher de façon naturelle. «Il y a deux ans, j’ai eu un premier accouchement sans complication et je désirais que mon deuxième ne soit pas traité comme un acte médical», explique la maman du petit Félix, né le 15 janvier.
La jeune femme de Pointe-Saint-Charles aurait voulu accoucher à son domicile, mais elle a plutôt choisi de se rendre à l’Hôpital de LaSalle. «Notre sage-femme, Ashraf Aslefallah, nous a accueillis sur place, précise Mme Marceau. Je voulais m’assurer d’un filet de sécurité advenant une éventuelle complication.»
Avec son conjoint Julien Henry, ensemble, ils ont apprécié cette première expérience. De garde ce soir-là, la sage-femme Fabienne Gagné est venue épauler sa collègue. «Toutes les deux m’ont accompagnée dans la gestion de la douleur et mon conjoint a aussi été beaucoup impliqué», ajoute Mme Marceau.
L’accouchement s’est tellement bien déroulé qu’aucun médecin ni infirmière n’ont eu besoin de se présenter à son chevet. Une aide natale était présente pour offrir entre autres des conseils d’allaitement. Six heures après leur arrivée à l’hôpital, le couple est reparti dormir à la maison en compagnie de leur bébé.
Rituel
Fabienne Gagné fait partie des 230 sages-femmes qui exercent légalement au Québec depuis 1999. Selon elle, l’accouchement à la maison avec une sage-femme est une pratique qui gagne à être reconnue.
«Cela ne fait pas partie de nos rituels. Quand on attend un enfant, on a l’habitude d’aller à l’hôpital et de revenir avec notre bébé, tout propre, tout frais», illustre la professionnelle de la santé.
Trop souvent, les gens associent une naissance à la maison avec danger, croit Mme Gagné. «À une certaine époque, nous n’avions pas d’antibiotique et les femmes étaient surmenées, mal nourries, dit-elle. Les mentalités commencent à changer et nous sommes maintenant très bien accueillies dans les hôpitaux.»
Signe de l’ouverture des mentalités, la clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles compte une liste d’attente pour juillet. L’organisme espère signer des contrats avec deux nouvelles sages-femmes afin de répondre à la demande.
De leur côté, le Regroupement des sages-femmes du Québec est aux prises avec une pénurie de personnel. Un enjeu important. Chaque année, 24 nouvelles diplômées sont formées à l’Université du Québec à Trois-Rivières. La formation universitaire dure quatre ans et demi.
3 697
Au cours de la dernière année au Québec, 3 697 accouchements ont été effectués par les quelque 230 sages-femmes, ce qui représente 4,2% des naissances. En Europe, cette pratique est populaire. En Hollande, par exemple, 30% des mamans accouchent à domicile avec une sage-femme.
Source: Regroupement des sages-femmes du Québec