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La pandémie ­a-t-elle causé un ­baby-boom?

La pandémie ­a-t-elle causé un ­baby-boom ?
Selon des experts, les changements que l’on pourrait observer dans les taux de fertilité ou un baby-boom seront surtout liés à des facteurs qui vont plus loin que le simple confinement. Photo: David McNew/Getty Images

Au début de la pandémie, des blagues circulaient concernant une possible augmentation des naissances à cause des mesures de confinement imposées à travers la planète. Mais ce ­baby-boom n’aura pas eu lieu, selon plusieurs observateurs.

Bien au contraire, en fait. Que ce soit en raison des règles de distanciation sociale qui limitent les occasions de voir certains partenaires, ou le stress financier vécu par les familles ou les fermetures de garderies, plusieurs facteurs semblent en voie de causer un déclin des naissances. Autant les naissances planifiées que non planifiées.

392 000 et plus – Nombre d’enfants nés le 1er janvier 2021 dans le monde, selon ­UNICEF.

Les données sur les enfants conçus pendant la pandémie, tant au ­Québec qu’ailleurs, ne seront pas disponibles avant plusieurs mois. La plupart des pays ayant confiné leur population en mars, les premières naissances ont eu lieu à la fin du mois de novembre et en décembre et le gros de la cohorte sera né en 2021.

Mais une récente évaluation de l’Institut ­Brookings, aux ­États-Unis, maintient qu’il y aura probablement 300 000 naissances de moins en 2021 au sud de la frontière, par rapport à 2020. Le site ­Google ­Trends montre aussi une diminution significative du nombre de recherches liées au sexe et à la grossesse.

« ­On ne sait pas encore s’il y aura un ­baby-boom », affirme ­Stuart ­Gietel ­Basten, démographe et professeur de sciences humaines et politiques publiques à l’Université de science et technologie de ­Hong ­Kong. « ­Les bébés prennent neuf mois à produire et après on doit attendre la compilation des statistiques. On aura une meilleure idée de ce qui s’est passé avec les naissances un peu plus tard dans l’année. »

« ­Les taux de fertilité sont en déclin depuis plusieurs années dans la plupart des pays du monde. On a même vu des taux historiquement bas dans des endroits où on ne s’y attendait pas, comme en ­Norvège et en ­Finlande », ­ajoute-t-il.

Gietel ­Basten croit que les changements que l’on observe pour ce qui est de la natalité seront surtout liés à des facteurs qui dépassent le simple confinement. Après tout, la situation est bien plus complexe que l’idée que les gens restent chez eux à faire l’amour sans contraceptif toute la journée.

« ­Il est important de garder en tête qu’un événement majeur comme une pandémie, ou une récession, pourrait avoir un impact seulement sur la date à laquelle les gens décident d’enfanter et non pas sur le nombre total d’enfants qu’ils auront au final. Un changement dans le nombre total d’enfants par famille aura un impact beaucoup plus important et on ne pourra pas le décerner avant bien longtemps. » – Stuart ­Gietel ­Basten, démographe et professeur de sciences sociales et politiques publiques à l’Université de science et technologie de ­Hong ­Kong

« ­La crise socioéconomique créée par la pandémie de ­COVID-19 va perturber les plans des couples. Ça va prendre encore un an pour mettre fin à la pandémie, par exemple pour compléter les opérations de vaccination et relancer l’économie. On ne verra probablement pas une augmentation du nombre de naissances avant 2022. »-John F. May, professeur de recherche à l’Université ­George ­Mason, aux ­États-Unis.

« ­Dans les pays riches, si les problèmes économiques continuent et le taux de chômage augmente, on doit s’attendre à voir une diminution des naissances semblable à ce qu’on a vu par le passé. Par contre, dans certains pays où les droits des femmes et l’accès à la planification familiale sont plus fragiles, on pourrait bien voir une augmentation du taux de fertilité », ­conclut-il.


 Trois questions à… 

Danny ­Dorling, Professeur de géographie à l’Université d’Oxford,
au ­Royaume-Uni

­La pandémie de ­COVID-19 ­a-t-elle causé un ­baby-boom ?

­Je n’ai vu aucune preuve d’une augmentation du nombre d’enfants à naître en raison de la pandémie.

Quelles sont les tendances à cet égard ?

Avant le début de la pandémie, le nombre d’enfants par famille était en déclin et ça tombait plus rapidement que les prédictions des démographes des ­Nations ­Unies.

Quel impact le confinement ­a-t-il pu avoir sur les taux de natalité ?

La pandémie a mis un frein à la naissance de nouveaux couples. Les gens ont rencontré moins de personnes. Par le passé, les pandémies n’ont pas été suivies de baby-booms. Plutôt, on a surtout vu ça après des conflits armés, surtout la ­Première ­Guerre mondiale en ­Europe, ainsi que la ­Seconde ­Guerre mondiale partout sur la planète.

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