Propagation de la COVID-19 en plein air: des experts font le point
En manque d’options d’activités depuis la mise en place des nouvelles mesures de confinement, des Montréalais se rabattent massivement sur les parcs. Mais lorsqu’il y a attroupement en plein air, quels sont les risques réels de propagation de la COVID-19? Trois experts donnent leur avis.
«Les virus respiratoires sont beaucoup moins transmissibles à l’extérieur. Lorsqu’il y a transmission de gouttelettes et d’aérosols, l’air va rapidement les diluer et faire qu’ils ne restent pas trop longtemps concentrés au même endroit», affirme d’emblée Benoit Barbeau, virologiste au Département des sciences biologiques de l’UQAM.
Ce précepte est d’ailleurs largement accepté au sein de la communauté scientifique. Des études évaluent même le risque de contagion de COVID-19 comme étant 18 fois moins élevé à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Pourtant, cela ne signifie pas que le risque de contagion soit nul, met en garde Parisa Ariya, professeure au Département des sciences atmosphériques et océaniques et de chimie de l’Université McGill et spécialiste des aérosols. Des études démontrent d’ailleurs qu’une moyenne de 10% des cas de transmission de COVID se produit à l’extérieur, souligne-t-elle.
«Soyons clairs: la transmission extérieure existe. Malheureusement au Québec, on n’a pas bien expliqué ce risque de transmission».
Des facteurs à considérer
La distance que l’on garde avec les autres influence aussi les risques de transmission, même à l’extérieur, rappellent les experts.
Ainsi, l’épidémiologiste Dre Nimâ Machouf et M. Barbeau recommandent de garder une distance physique de deux mètres.
Pour sa part, Mme Ariya explique que les virus en aérosol peuvent parcourir plus de 7 m. Cependant, la majorité des grosses gouttelettes et aérosols ne parcourent que quelques mètres. Elle recommande donc de garder une distance physique de trois ou quatre mètres.
Autres éléments importants: le temps et la fréquence d’exposition. Ainsi, croiser une personne un instant offre une probabilité de transmission plus faible que si l’on parle à un groupe de plusieurs personnes durant une heure, illustre M. Barbeau.
L’activité physique amplifierait notamment la force de transmissions des aérosols et gouttelettes. «Parce que les gens font du cardio, ils respirent très fort. À ce moment-là, le risque de transmission par gouttelettes est présent», mentionne la Dre Machouf.
Finalement, les facteurs météorologies auraient même leur rôle à jouer: l’air froid, plus dense que l’air chaud, serait plus propice à la concentration des particules potentiellement infectées, indique Mme Ariya.
«En hiver, la dilution des bioaérosols est moins efficace. Pendant l’été, il y a meilleure dilution, ce qui diminue la transmission. Il en va de même pour plusieurs gouttelettes.»
Porter le masque ou non à l’extérieur?
Tel que recommandé par Québec, Mme Machouf et M. Barbeau soutiennent qu’à l’extérieur, une distanciation physique de deux mètres et plus n’imposerait pas le port du masque. Cependant, son port «réduit plus agressivement» le risque de contagion, tempère M. Barbeau.
Pour sa part, Mme Ariya avise plutôt de porter le masque à l’extérieur en tout temps.
«On peut le baisser lorsqu’il n’y a personne en vue, évidemment. Mais lorsqu’on voit quelqu’un, qu’on le croise, on devrait le mettre.»
Depuis le 9 janvier, les rassemblements extérieurs sont proscrits à Montréal.
Les activités extérieures peuvent seulement se faire en compagnie de personnes de la même bulle familiale, ou d’une autre personne pour les personnes vivant seules. Le port du masque n’est pas obligatoire au Québec lors d’activités extérieures, mais est recommandé lorsqu’on se trouve à moins de deux mètres d’une personne qui n’est pas de notre bulle familiale. |
– En collaboration avec Laurent Lavoie