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Les ingénieurs de la Ville entrent en grève illimitée

Au premier jour de grève, ils ont procédé au déchiquetage symbolique du rapport de la Commission Charbonneau. Photo: Josie Desmarais/Journal Métro

Alors que la saison des travaux de construction bat son plein à Montréal, les ingénieurs de la Ville de Montréal entament une grève illimitée à compter d’aujourd’hui.

Les membres du Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de la Ville de Montréal (SPSPEM) se sont rassemblés aujourd’hui devant l’Hôtel de Ville de Montréal pour y déchiqueter le rapport Charbonneau déposé fin 2015.

Par cette action coup de poing, le syndicat, veut dénoncer le manque d’engagement de l’administration Plante dans la mise en place des recommandations du rapport de la commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, notamment sur la question du recrutement des ingénieurs.

«Dix ans après la Commission Charbonneau, il est plus que temps que les élus prennent la décision de reconstruire notre savoir-faire et de rompre avec notre entière dépendance face aux firmes de génie-conseil privées.»  – Marie-Ève Dufour, présidente du SPSPEM.

Des recommandations «ignorées»

Dans un communiqué, la directrice du SPSPEM, Marie-Ève Dufour a déclaré que les recommandations du rapport ont été ignorées par les administrations municipales depuis son dépôt en novembre 2015.

À titre de preuve, Mme Dufour explique que les contrats accordés aux firmes externes ont explosé de 674% entre 2012 et 2020, passant de 23 M$ à 173 M$.

Les recommandations du rapport soulignaient pourtant l’importance de rééquilibrer le rapport entre le recours aux firmes privées et publiques de génie-conseil et à permettre aux donneurs d’ouvrages publics (DOP) de déterminer si les travaux peuvent être réalisés à l’interne ou octroyés en sous-traitance.

Le syndicat demande à l’administration Plante d’agir afin de s’attaquer au problème persistant du manque d’expertise interne dont souffre la Ville en matière de construction et de travaux publics.

L’Administration Plante se défend

Interrogé par Métro, le cabinet de la mairesse a précisé que l’administration actuelle «était engagée à reconnaître et à valoriser l’expertise de la Ville», précisant que c’est dans cette optique que le nombre d’ingénieurs a augmenté de 30% au cours des 5 dernières années.

La Ville rappelle qu’elle est activement impliquée à la table des négociations avec le syndicat et que «34 réunions ont eu lieu jusqu’à maintenant avec le syndicat ce qui démontre de la bonne foi des négociateurs afin de dénouer la situation.»

Un problème persistant

Cet «effritement» de l’expertise interne au sein du ministère des Transports du Québec et dans les municipalités est un problème constant depuis les années 90, il peut être attribuable à de nombreux facteurs tels que des embauches insuffisantes d’ingénieurs, des suppressions de postes, des départs à la retraite, des salaires non concurrentiels avec le privé ou encore à l’embauche de jeunes diplômés des postes requérant plus d’expérience.

Le rapport de plus de 1700 pages, étayé par des exemples et témoignages, visait à faire le point sur les pratiques de collusion et de corruption dans le secteur de la construction dans certaines municipalités au Québec.

En ce sens, il constatait également que par le recours à la sous-traitance et au «faire faire», tout en réduisant l’expertise interne des ingénieurs, le Ministère se trouvait «vulnérable» face à la collusion et aux stratagèmes de corruption de certaines entreprises.

Le SPSPEM qui se trouve sans convention collective depuis trois ans, regroupe près de 550 professionnels employés par la Ville de Montréal, majoritairement ingénieurs, mais aussi arpenteur(e)s-géomètres, chimistes et les médecins-vétérinaires.

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