Des manifestants réclament «un état de droit et des libertés» en Algérie
Alors qu’en Algérie, c’était jour de scrutin samedi, des centaines de membres de la diaspora algérienne ont manifesté à Montréal pour demander plus de libertés dans ce pays d’Afrique du Nord. Partis de la Place du Canada à 11h, les manifestants ont marché jusqu’au consulat général d’Algérie pour dénoncer «la répression, les arrestations arbitraires et la mascarade électorale des élections législatives imposées au peuple».
Depuis le soulèvement pacifique de février 2019, l’actualité algérienne a été marquée par plusieurs manifestations tenues pour demander une libéralisation du pays.
«Le mouvement populaire demande l’instauration d’un état civil, le respect des droits de l’homme et de la démocratie», avance Ali Namor, un membre de la communauté algérienne montréalaise qui était à la manifestation, samedi. «C’est une junte militaire qui gouverne en Algérie. Elle met une façade civile juste pour l’étranger. Il y a eu des milliers d’interpellations depuis janvier. Des centaines de femmes, d’étudiants et d’enfants sont emprisonnés».
De son côté, le Comité national de libération des détenus (CNLD), association qui aide les prisonniers d’opinion en Algérie, fait état de plus de 220 personnes qui seraient présentement incarcérées.
Grève de la faim
Une poignée de Montréalais ont entamé, il y a quelques jours, une grève de la faim d’une semaine dans le cadre d’une action internationale de soutien aux détenus politiques en Algérie. Ils dénoncent notamment «la dérive autoritaire du régime algérien», apprend-t-on dans un communiqué de presse publié vendredi.
Jihed Halimi en était à sa sixième et dernière journée de grève de la faim, samedi. Ce dernier, qui travaille en informatique, dit n’avoir pas pris congé pendant sa grève. Il dit avoir perdu 7,5 kg. Il clame notamment que les médias algériens sont biaisés en faveur du régime politique en place.
«Les médias font l’apologie de tout ce qui vient du régime. Tout ce qui est de l’opposition, c’est diabolique. Les libertés sont opprimées en Algérie. Si on fait une publication Facebook dans laquelle on critique les dirigeants, le rendement des institutions, on est arrêté. Si on sort pour manifester pacifiquement, les gens sont tabassés ou arrêtés», soutient Jihed Halimi.
Une partie de l’opposition ainsi que le mouvement anti-régime du Hirak ont décidé de boycotter les élections de samedi. En milieu de journée, un article de l’Agence France-Presse publié sur le site de Radio-Canada faisait état d’un taux de participation national atteignant le seuil du 10%.
«Le processus électoral en Algérie fait l’affaire du régime. Ils ont créé quelque chose qui ressemble au Directeur général des élections, comme on a au Québec, mais tous ses membres sont désignés par le gouvernement. C’est le gouvernement qui les contrôlent. On pense qu’ils ne sont pas impartiaux. Toutes les élections depuis l’indépendance algérienne, sauf celles des années 1990, ont été truquées», croit M. Halimi
Ce dernier souhaiterait la création d’une conférence nationale consensuelle qui inclurait tous les acteurs politiques en Algérie afin de promouvoir les libertés individuelles et collectives.
«Il faudrait créer une instance réellement indépendante avec des personnalités qui feraient consensus, mais aussi ouvrir des médias et qu’on arrête de diaboliser l’opposition et les opinions contraires à celles du régime. Une fois ces conditions remplies, nous serons les premiers à participer aux futures élections», explique Jihed Halimi.
Ce dernier soutient par ailleurs que sur plus de 220 prisonniers politiques en Algérie, plus de 80 seraient également en grève de la faim.