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Un travailleur essentiel est menacé de déportation

Un migrant de Turquie et menotté en attente d'une déportation
Photo: Drew Angerer/Getty Images

Un travailleur essentiel d’origine indienne est menacé de déportation par le gouvernement fédéral. Des membres de sa famille, des amis et des supporters se sont rassemblés jeudi midi devant les bureaux de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), situés à Montréal, pour exiger une action urgente contre son expulsion qui est prévue dans seulement cinq jours, le 15 juin.

Si sa déportation a lieu, Jatinder Singh reviendra en Inde alors que le pays continue d’être ravagé par une deuxième vague dévastatrice de COVID-19. À ce jour, plus de 27 millions de personnes ont été infectées et 300 000 décès ont été signalés en Inde, mais plusieurs personnes craignent que le bilan réel soit bien plus lourd.

Si les vols commerciaux en provenance et à destination de l’Inde sont suspendus en raison de la COVID-19, ils ne le sont pas pour les expulsions.

Sans-papiers depuis octobre 2019, M. Singh a été détenu pendant deux mois à la suite d’un accident de voiture mineur avant d’être relâché avec un bracelet électronique.

L’homme avait pourtant œuvré comme camionneur tout au long de la pandémie. En tant que travailleur essentiel, il serait qualifié au programme fédéral pour la résidence permanente, mais n’y est toutefois pas éligible étant donné qu’il vit au Québec. 

En effet, les critères établis par le gouvernement de François Legault limitent l’admissibilité à ce programme aux travailleurs essentiels ayant prodigués des soins directs à des personnes infectées à la COVID-19.

Demande d’asile refusée, puis victime de fraude

Jatinder Singh a fait une demande d’asile il y a trois ans, mais celle-ci a été refusée. 

Il s’est alors tourné vers des «consultants» en immigration pour déposer une demande de résidence permanente pour motifs humanitaires, mais ceux-ci se sont avérés être des fraudeurs.

L’homme a donc été floué puisque les soi-disant «consultants» n’ont jamais déposé sa demande d’immigration, malgré le fait qu’il leur avait payé plus de 7000$ de frais. «Il a obtenu de mauvais conseils juridiques de la part d’un consultant non-qualifié, et il a reçu l’ordre de quitter le Canada», indique Solidarité Sans Frontière.

Mobilisation d’élus et de Solidarités Sans Frontière

De concert avec le député fédéral Alexandre Boulerice, l’élu de Québec Solidaire dans Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla, se mobilise pour sauver de la déportation le travailleur essentiel d’origine indienne en mettant de la pression politique sur le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair.

MM. Boulerice et Fontecilla déplorent que, malgré le soutien massif de la communauté au cours des deux dernières semaines, le ministre Blair, ainsi que le ministre fédéral de la Citoyenneté, de l’Immigration et des Réfugiés, Marco Mendicino, soient restés silencieux.

«Ce qu’on demande, c’est de nous donner l’opportunité de faire un nouvel examen de risques avant le renvoie avec tous les éléments requis pour que le gouvernement, au moins, prenne une décision éclairée et non pas une décision sur des faits partiels», a déclaré M. Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’immigration.

Le cas de Jatinder Singh semble indiquer que les déportations reprennent au Québec, après que l’ASFC les ait suspendues en octobre 2020, pense Solidarité Sans Frontière. L’organisme a déposé une demande de sursis administratif le 8 juin. Si celle-ci est acceptée, elle suspendrait la déportation de M. Singh.

-En collaboration avec Rosanna Tiranti

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