Flou entourant l’utilisation du passeport vaccinal
Quelles activités parascolaires nécessiteront l’utilisation du passeport vaccinal? Dans quels lieux publics sera-t-il exactement utilisé? Sera-t-il obligatoire de le présenter pour entrer dans un musée ? Plusieurs questionnements au sujet de cette mesure en vigueur le 1er septembre persistent.
Mardi, le ministre de la Santé Christian Dubé a indiqué que les lieux publics fortement achalandés, excluant les détaillants, feraient partie des lieux ciblés. Les restaurants, les bars et les salles d’entraînement en feront partie.
M. Dubé a redirigé mardi les questions des médias concernant l’accès aux activités parascolaires à son collègue, le ministre Jean-François Roberge, qui offrait une conférence de presse mercredi. Finalement, ce dernier n’a pas voulu dévoiler les activités qui seraient susceptibles de nécessiter le passeport vaccinal, se limitant à commenter qu’il s’agirait d’activités à «haut risque».
La pratique de sports à haute intensité, comme le soccer et le hockey, en serait exclue, a ajouté en après-midi le premier ministre du Québec, François Legault.
La première mouture du passeport vaccinal exclura les personnes dont la condition médicale rend la vaccination impossible. De concert avec la Santé publique, le ministère de la Santé tentera d’inclure ces individus dans la deuxième version de l’application, qui sera offerte vers la mi-septembre.
Clarté recherchée
Selon l’opposition officielle, offrir plus d’information quant à l’application du passeport aurait été nécessaire, dès maintenant.
«Nous avons été déçus du manque de préparation du ministre Dubé, qui n’était pas en mesure de donner les détails ni les modalités d’application, alors que les entreprises et la population devront s’adapter à cette nouvelle réalité», considère la députée Marie Montpetit, du Parti libéral du Québec.
Québec solidaire abonde dans le même sens, estimant que les activités incluses et les personnes visées auraient dû être nommées.
«Nous ne sommes pas satisfaits des informations dévoilées hier en point de presse et nous nous attendons à ce que les modalités précises soient détaillées dès que possible, surtout si la date d’entrée en vigueur est le 1er septembre», a indiqué l’attachée de presse du caucus du parti, Sandrine Bourque.
«Le gouvernement adopte une stratégie de communication confuse qui laisse planer de grands doutes sur les modalités de cette mesure qui n’est pourtant pas banale, ajoute le leader parlementaire Gabriel Nadeau Dubois. La CAQ ne doit pas attendre la veille de son entrée en vigueur pour répondre aux questions et préoccupations de la population.»
«Soit on improvise, soit on manque de transparence»
Un débat public autour de l’instauration du passeport aurait été nécessaire, se désole pour sa part le Parti québécois.
«Le processus d’implantation demeure flou, on nous livre l’information au compte-goutte. Soit on improvise, soit on manque clairement de transparence, critique le porte-parole du Parti québécois en matière de Santé, Joël Arseneau. Le passeport peut être un bon outil, mais plusieurs angles morts demeurent sur les impacts à long terme, notamment sur la circulation des données médicales, ou encore sur le milieu du travail.»
Le gouvernement Legault aurait dû consulter la population, estime aussi la Ligue des droits et libertés du Québec. L’organisme de défense des droits civils estime qu’il n’est pas prouvé que le passeport aura une réelle utilité pour combattre la 4e vague, en plus d’exprimer des inquiétudes quant à la protection des données personnelles.
«Tant que l’immunité collective ne sera pas atteinte, les risques de transmission du virus demeureront non négligeables. L’établissement d’un passeport vaccinal pourrait alors créer un faux sentiment de sécurité dans la population», explique-t-on dans un communiqué.