Les courtiers immobiliers se défendent d’être la cause de la surchauffe
C’est un ensemble de facteurs, dont une forte demande spontanée et une offre nettement «insuffisante» qui justifient la crise du logement, selon une étude de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ). Les courtiers sont blâmés à tort pour la hausse du prix des logements, dénonce l’association.
En réaction à la surchauffe constatée sur le marché immobilier, le ministère des Finances du Québec a lancé une consultation sur l’encadrement des courtiers. Les parties intéressées à participer à la consultation du ministère avaient jusqu’au 8 septembre pour le faire. L’objectif était de déterminer si certaines pratiques des courtiers accentuaient la crise, et, le cas échéant, apporter des ajustements à l’encadrement de leur travail.
Il n’en est rien, selon l’APCIQ. Le manque de propriétés disponibles sur le marché était à prévoir même avant l’arrivée de la pandémie, rappelle son président, Denis Joanis. «Au Québec seulement, nous évaluons le déficit de propriétés à plus de 40 000 unités. Notre mémoire identifie et traite également une dizaine d’autres facteurs, qui, combinés les uns aux autres, expliquent la hausse des prix», justifie-t-il.
Une tempête parfaite
Trop peu d’incitatifs sont en place pour pousser la construction de logements unifamiliaux, alors que l’offre est en hausse constante depuis 20 ans, estime-t-on. «Les mesures prises par les gouvernements durant la dernière décennie afin d’éviter la surchauffe et le surendettement des ménages se sont davantage attardées à contrôler la demande plutôt qu’à inciter à la construction de nouvelles unités pour accroître l’offre», explique le directeur du Service d’analyse du marché de l’APCIQ, Charles Brant.
Il évoque une «tempête parfaite» unissant des taux d’intérêts historiquement bas et l’intérêt des ménages à miser sur un niveau de confort plus élevé en pandémie serait plutôt la source de la surchauffe, considère-t-on. En d’autres mots, ceux qui n’étaient pas encore propriétaires ont souhaité le devenir, tandis que ceux qui l’étaient déjà sont entré en concurrence pour acquérir des maisons plus spacieuses.
Concrètement, le nombre d’acheteurs issus de la communauté métropolitaine de Montréal ayant acquis une propriété secondaire en Estrie, dans Lanaudière, les Laurentides ou Brome-Missisquoi a augmenté de 62% lors de la dernière année.
Aider les premiers acheteurs
À l’aube de la rentrée parlementaire, Québec solidaire souhaite mettre en place un pacte pour aider les premiers acheteurs à se procurer une maison. Leur solution: rendre obligatoire l’inspection avant achat et limiter les commissions offertes aux courtiers immobiliers.
Un délai minimum pour le dépôt d’une offre d’achat serait également instaurée, de même que l’obligation d’une garantie légale en place lors des ventes. «Ces mesures, c’est le strict minimum, a expliqué le leader parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois lors du caucus du parti, à Sherbrooke. Ce sont des mesures d’urgence pour calmer la folie de la spéculation.»
À court terme, la solution demeure une augmentation du nombre de propriétés disponibles sur le marché, consent M. Nadeau-Dubois.