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Ukraine: impuissante à des milliers de kilomètres de sa famille

Viktoriya Savchenko est née en Ukraine, mais a immigré au Québec en 2004. Photo:

Depuis près d’une semaine, Viktoriya Savchenko ne dort presque plus: son pays natal est envahi par la Russie. La jeune Montréalaise d’origine ukrainienne lance un cri du cœur pour faire appel à l’aide militaire de la communauté internationale.

Le 24 février, le chef d’État russe Vladimir Poutine a déclenché une intervention militaire spéciale en Ukraine, la plus importante offensive militaire en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. «Mon corps tremblait au complet. Je n’arrivais pas à comprendre ce qu’on était en train de vivre. Plus ça allait, plus on recevait l’information que de plus en plus de villes se faisaient bombarder, donc on a commencé à comprendre que ça devenait majeur», se remémore-t-elle. 

«On vit dans un monde parallèle»

Viktoriya Savchenko est l’une des 20 000 personnes issues de la communauté ukrainienne à Montréal rongées par la peur et l’incertitude. «Tous les Ukrainiens, tant en Ukraine qu’à l’étranger, on vit dans une autre réalité depuis le moment où ça a commencé. C’est complètement un monde parallèle en ce moment», dit-elle. 

Née dans la ville de Jytomyr, non loin de la capitale Kyiv, elle a immigré à Montréal avec ses parents en 2004 alors qu’elle était âgée de sept ans. Tout le reste de sa famille est encore là-bas. «Le 24 février au matin, une partie de ma famille que j’avais à Kyiv a quitté la ville rapidement en voiture et elle a rejoint ma grand-mère qui habite dans une petite ville dans la région de Kyiv. Les petites villes sont plus sécuritaires, car ils attaquent les grandes villes», raconte-t-elle. 

Aujourd’hui âgée de 24 ans, Viktoriya Savchenko n’aurait jamais imaginé que son pays natal serait en guerre en 2022. «On était quand même conscients qu’il y avait cette possibilité de guerre un peu plus intense, mais que ça irait jusqu’à bombarder la ville où j’ai passé mon enfance et où ma famille est en ce moment, jamais de ma vie je n’aurais pu imaginer que ça escaladerait jusqu’à un tel point», confie-t-elle. 

Le conflit ne date pas d’hier, rappelle-t-elle toutefois. «Ça a commencé en 2014 avec l’annexion de la Crimée, avec des attaques dans le Donbass, donc dans les territoires non contrôlés par le gouvernement de l’Ukraine», dit-elle. 

Appel à l’aide internationale dans les airs

Si elle estime qu’il y a déjà eu «beaucoup de violations» dans les dernières années en Ukraine, Viktoriya Savchenko indique que la guerre est un stade «tellement intense» qu’elle nécessite une intervention d’urgence de la part de la communauté internationale.

On aimerait juste se faire entendre. On a besoin d’aide de la communauté internationale.

Viktoriya Savchenko

Selon la Montréalaise, l’armée ukrainienne est «très forte» et sera en mesure de combattre les soldats russes au sol. Toutefois, Viktoriya Savchenko implore une aide internationale pour combattre les forces armées russes dans les airs. 

En effet, de nombreux bombardements russes sur les institutions et bâtiments ukrainiens se font du ciel et tuent des civils. «On essaie de mettre l’accent sur la protection du ciel au-dessus de l’Ukraine. L’OTAN a le pouvoir de fermer le ciel, de faire un no-fly zone au-dessus de l’Ukraine. Tous les avions et missiles russes qui vont passer au-dessus de l’Ukraine pourront être arrêtés», précise-t-elle.

Or, pour le moment, les pays de l’OTAN n’envisagent pas de se porter militairement à la défense de l’Ukraine, au risque de déclencher une troisième guerre mondiale.

Un «danger majeur» pour le monde

Par-dessus tout, les Ukrainiens tentent de faire comprendre au monde que cette guerre dépasse les frontières des deux pays qui s’affrontent, affirme Viktoriya Savchenko. «C’est un danger majeur pour toute l’Europe et pour tout le monde. Jusqu’où ça ira? Il faut arrêter ça», poursuit-elle. 

Elle trouve déplorable que des institutions et des pays aussi puissants que les États-Unis ou les membres de l’OTAN ne réalisent pas l’importance de ce qui se passe. 

«C’est un crime contre l’humanité qui est en train de se passer dans le plus grand pays de l’Europe. C’est beaucoup plus qu’un conflit quelque part dans un pays et on ne veut pas s’en mêler. C’est très grave et les conséquences peuvent être encore plus graves», déplore-t-elle. 

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