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Ukraine: des Montréalais se sentent loin de leurs proches

Angel Zytynsky est la propriétaire du marché Zytynsky’s, un déli fondé par un ressortissant ukrainien en 1922. Photo: Émile Bérubé-Lupien/Métro

Alors que l’assaut de la Russie en Ukraine s’intensifie, des membres de la communauté ukrainienne de Montréal sont toujours sous le choc. Tristesse, inquiétude, colère: les émotions sont de plus en plus vives, en particulier pour ceux et celles qui n’ont plus de nouvelles de leur famille sur place.

Rosaline Ruzyckij est habitée d’une «profonde tristesse». Pour cette femme d’origine ukrainienne, l’une des 20 000 personnes issues de cette communauté à Montréal, la situation s’empire au fil des heures.

Nous sommes accrochés à notre téléviseur et suivons la situation de très près. On se sent impuissants. Les émotions se bousculent, il y a beaucoup de tristesse et nous sommes de tout cœur avec nos compatriotes.

Rosaline Ruzyckij, résidente de Saint-Léonard d’origine ukrainienne.

Les parents de la résidente de Saint-Léonard sont arrivés d’Ukraine il y a 48 ans. Elle a toujours de la famille là-bas.

Si la famille de l’un de ses cousins vient tout juste de fuir Kyiv, la capitale du pays, pour rejoindre la Pologne, Mme Ruzyckij n’a toujours pas de nouvelles d’un autre membre de sa famille.

«Un de mes cousins vit à Louhansk. C’est très difficile de communiquer avec lui et je n’ai toujours pas de nouvelles pour l’instant. De ce que je sais, sa carte téléphonique a été coupée, car celle-ci doit passer par un service russe pour qu’un appel soit acheminé», explique celle qui fut la directrice de la Villa ukrainienne à Rosemont-La-Petite-Patrie durant treize ans.

Une situation inacceptable

Rosaline Ruzyckij n’est pas la seule qui est rongée par l’inquiétude.

«Je suis en contact constant avec [ma famille]. J’ai eu confirmation hier que mes neveux sont en vie dans l’est du pays à Kharkiv, proche des soi-disant provinces séparatistes. Ils entendent des explosions régulièrement et sont actuellement en train de se cacher chez eux», raconte un résident de l’est de Montréal qui préfère conserver l’anonymat en raison d’un retour prévu en Ukraine.

Pour lui, cette situation dans son pays d’origine est «totalement inacceptable».

Ma famille est arrivée ici pour fuir l’armée soviétique vers la fin des années 1950. Je ne peux pas croire qu’une situation similaire, où l’armée d’un autre pays occupe nos terres, se produise en 2022.

Un résident de l’est de Montréal

Il explique que l’ensemble de la communauté ukrainienne de Montréal est très en colère, et qu’il était logique d’organiser des manifestations. Celles-ci se sont d’ailleurs déroulées vendredi après-midi devant le consulat russe, puis devant la mairie de Montréal dimanche dernier.

«Cette invasion est totalement injustifiée, l’Ukraine n’était pas en guerre contre la Russie et toutes justifications du gouvernement russe ne sont que des mensonges. Nous continuerons de soutenir notre pays à travers ces manifestations ».

Nous craignons pour nos concitoyens, nous n’avons pas besoin d’une guerre à notre porte aujourd’hui.

Un habitant de l’Est de Montréal d’origine ukrainienne.

Solidarité

Angel Zytynsky est la propriétaire du marché Zytynsky’s, un déli fondé par un ressortissant ukrainien en 1922, l’année de la fondation de l’ex-URSS.  Ce commerce situé dans Rosemont est très prisé de la communauté ukrainienne montréalaise.

«C’était très dur ce matin d’écouter la télévision et la radio. Il y a beaucoup de tensions. Ma mère y a encore des cousins, mais nous ne sommes pas capables de les joindre», déplore Mme Zytynsky.

Si elle est née au Canada et qu’elle n’a jamais eu l’occasion de mettre le pied en Ukraine, elle reste très inquiète du sort de ses compatriotes.

L’immigrante de troisième génération souligne que si ses grands-parents n’avaient pas immigré au Canada il y a une centaine d’années, ce serait son quotidien qui serait aujourd’hui dépeint à la télévision.

Mme Zytynsky souligne que la situation en Ukraine monopolise les conversations dans son petit commerce de la rue Beaubien. «Tout le monde parle de ce qui s’y passe. Il y a beaucoup de gens qui viennent pour m’acheter des drapeaux, ils en veulent pour supporter et pour les manifestations», explique-t-elle.

Selon elle, ses clients ukrainiens sont d’ailleurs plus présents que jamais dans sa boutique : «On est tous ensemble là-dedans. On a tous peur de ce qu’il peut arriver. Il y a plus de clients que d’habitude. Même s’ils n’achètent pas, ils veulent m’encourager.»

Pour rappel, le président de la Russie Vladimir Poutine avait déclaré lundi dernier reconnaître l’indépendance de deux provinces séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, avant d’ordonner l’entrée de ses troupes dans ces régions, puis une opération de démilitarisation à l’échelle du pays tout entier.

Les dirigeants des pays membres de l’OTAN se sont réunis vendredi pour faire le point sur ce qui constitue «la plus grave menace pour la sécurité euroatlantique depuis des décennies».

En collaboration avec Émile Bérubé-Lupien.

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