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Les enfants au travail, frein ou tremplin à leur développement?

Selon l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire en 2016-2017, on observe que le risque de décrochage scolaire est significativement plus élevé chez les jeunes qui sont salariés. Photo: istock/JackF

Au Québec, il n’y a pas d’âge minimal pour entrer sur le marché du travail. Seuls les enfants de moins de 14 ans ont besoin d’une autorisation écrite des parents pour occuper un emploi, selon la Commission des normes de l’équité de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Bien qu’il existe certains avantages à voir un enfant devenir un employé salarié, certains experts s’inquiètent du développement psychosocial de ces jeunes travailleurs.


Pour le pédiatre Dr Gilles Julien, il est difficile de dire quel est l’âge idéal pour commencer à travailler.

«Il n’y a pas de consensus, parce que ça dépend de chaque enfant. S’il est mature et bien encadré, ça peut être positif de travailler tôt. Mais il faut faire attention parce que c’est plein de nuances chez les jeunes, il y a du bon et du mauvais», indique le Dr Julien.

«On a vu plusieurs ados durant la pandémie qui s’ennuyaient devant leur écran et le fait de se trouver une petite jobine chez Rona ou McDonald, à quelques heures par semaine, ce n’est pas en soi une mauvaise affaire. Le problème c’est le manque d’encadrement», précise-t-il.

En effet, certains employeurs mal intentionnés ou mal outillés peuvent devenir d’importantes sources de stress pour l’enfant, et ainsi freiner leur développement.

«J’ai vu des enfants qui se sont fait engueuler parce qu’ils ne voulaient pas travailler plus de 12h par semaine ou la fin de semaine. Tu ne peux pas considérer les enfants comme des adultes, même en milieu de travail», clame le Dr Gilles Julien.

Il devrait avoir une formation obligatoire, autant pour les employeurs, que pour les jeunes. Les employeurs doivent être sensibilisés aux droits des enfants.

Dr Gilles Julien, pédiatre

Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017

Parmi les élèves occupant un emploi durant l’année scolaire, ceux travaillant de 11 à 15 heures par semaine et ceux travaillant 16 heures et plus sont, proportionnellement, plus nombreux à présenter un niveau élevé de détresse psychologique que ceux consacrant moins de 11 heures par semaine à leur emploi (34% et 37% contre 29%).

Tableau 4.5

De travailleurs à décrocheurs?

Selon l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire en 2016-2017, on observe que le risque de décrochage scolaire est significativement plus élevé chez les jeunes qui sont salariés. La proportion d’élèves à risque de décrocher est de 14% chez ceux qui travaillent moins de 11 heures, et grimpe à 31% chez ceux qui travaillent plus de 16 heures hebdomadairement, selon la même enquête.

«Ça peut ouvrir la voie au décrochage scolaire, mais ça peut également miner la qualité de leurs résultats», mentionne la représentante nationale du syndicat Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce Canada (TUAC), Roxane Larouche.

Le Dr Julien croit que le lien entre le travail et le décrochage scolaire touche davantage les jeunes de 15 à 17 ans.

«Ce sont beaucoup des jeunes qui n’aiment pas l’école et qui finalement font de l’argent. C’est une voie nouvelle pour eux, ils découvrent l’autonomie, et c’est très gratifiant. Le problème c’est que parfois ils ne voient pas les contrecoups à long terme», ajoute-t-il.

Le pédiatre croit que les adolescents qui décident de se lancer dans un milieu de travail devraient pouvoir compter sur un mentor.

«Il faut être présents pour eux. C’est important de leur expliquer la réalité du marché et de s’assurer qu’ils comprennent les conséquences de leur choix», conclut-il.

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