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Une maison de chambres voit le jour en plein cœur du Village

Au micro, Marina Boulos-Winton, directrice générale de Chez Doris. À droite, Bash Shetty, philanthrope donateur, et Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable de l'habitation, de la stratégie immobilière et des affaires juridiques. Photo: Zoé Arcand / Journal Métro

Dès le 2 juillet, 11 femmes âgées de 28 à 62 ans pourront être logées dans la toute nouvelle maison de chambres de l’organisme Chez Doris, située sur la rue Saint-André en plein cœur du Village. La place de ce type d’hébergement est cruciale dans la lutte contre l’itinérance, sa prévention et la réinsertion sociale, explique l’intervenante coordonnatrice des services d’hébergement de l’organisme, Alexandra Delgado.

Les femmes qui logeront dans cette résidence nommée en l’honneur de Bash Shetty, un philanthrope ayant fait un don de 1 M$, auront vécu entre 3 mois et 10 ans en situation d’itinérance. Elles pourront profiter de ce nouveau logement pour une période minimale de trois mois, et maximale de deux ans.

Lorsqu’utilisé au maximum de sa capacité, le nouveau complexe pourra accueillir jusqu’à 20 femmes, qui bénéficieront toutes d’un accompagnement psychosocial, en plus d’un soutien financier des différents paliers gouvernementaux et d’une aide en gestion des finances personnelles. L’équipe d’accompagnateurs sera composée de deux intervenants de jour, deux de soir et d’un gardien de sécurité. Les locataires de la maison de chambres bénéficieront du Programme de supplément au loyer (PSL), qui leur permettra de verser que 25% de leur revenu dans le loyer.

La place des maisons de chambres et de l’intervention sociale

Avant d’occuper son poste actuel, la coordonnatrice des services d’hébergement Chez Doris, Alexandra Delgado, a travaillé en première ligne auprès de femmes en situation d’itinérance ou de vulnérabilité il y a trois ans. C’est un travail d’intervention bien différent de celui qu’elle et ses collègues réalisent en maison de chambres, la «deuxième étape» permettant de sortir des personnes de l’itinérance.

C’est difficile de donner des chiffres, mais il manque beaucoup de maisons de chambres.

Alexandra Delgado, coordonatrice au service d’hébergement Chez Doris

Lorsqu’une personne vulnérable ou en situation d’itinérance passe directement de la rue à un logement avec un Programme de supplément au loyer (PSL) et un suivi d’un an avec un intervenant, les risques d’échec et de retour à la rue sont plus grands que si cette personne avait d’abord fait un passage en maison de chambres, explique-t-elle.

«Souvent [le fait d’aller directement en logement avec un PSL] amène des situations d’échec, dit Mme Delgado. Si on avait plus de maisons de chambres comme [la résidence Bash Shetty], on pourrait prendre les personnes qui sont en itinérance depuis longtemps, les mettre en maison de chambres, les aider à acquérir des compétences et de l’autonomie, et par la suite les envoyer en logement.»

En effet, les personnes en situation d’itinérance perdent l’habitude de se laver, de prendre soin d’un appartement et n’ont pas les mêmes habitudes de vie puisqu’elles sont davantage en «mode survie». Les intervenants de seconde ligne peuvent aider les personnes logeant dans la maison de chambres à atteindre leurs objectifs, les amener «d’un point A à un point B», permettant une «transition beaucoup plus douce», résume l’intervenante.

C’est sans compter les enjeux de santé mentale et de dépendance auxquels font face plusieurs femmes et personnes en situation d’itinérance. Dans la Résidence Bash Shetty de Chez Doris, aucune «consommation de substances illégale ne sera permise». Les femmes auront toutefois accès à du matériel de consommation propre et stérile et pourront se trouver chez elles après avoir consommé.

Si elles veulent fumer, que ce soit du pot, du crack ou la cigarette, elles pourront le faire à l’extérieur. L’alcool sera toléré dans les chambres des résidentes, mais pas dans les lieux communs, «pour éviter de causer des triggers aux résidentes abstinentes».

Les chambres des résidentes sont toutes équipées d’une salle de bain et peuvent se verrouiller. Le complexe comporte plusieurs petits appartements de trois à cinq chambres chacun, une cuisine complète et une grande terrasse centrale.

«Construire, construire, construire»

Au cours de son mandat actuel, l’administration de la Ville de Montréal vise à acheter 1200 unités en maison de chambres. Le droit de préemption de la Ville, ou «droit de premier acheteur», a été utilisé pour une centaine de bâtiments, a rappelé le vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière et des affaires juridiques, Benoit Dorais.

L’utilisation de ce droit de préemption aura permis, jusqu’à présent, de mettre quatre immeubles à l’abri de la spéculation. Un fonds de 600 M$ sur 10 ans – une somme jamais égalée par la Ville de Montréal, selon M. Dorais – servira à acheter des terrains vacants ou des immeubles. Ceux-ci deviendront des logements abordables et sociaux, ou des parcs.

On doit construire, construire, construire, et également sortir de la logique spéculative des logements.

Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière et des affaires juridiques

Le responsable de l’habitation souhaite construire plus de logements qui sont abordables, mais dont la valeur monétaire peut fluctuer dans le temps selon le cycle économique. La solution première pour contrer l’itinérance, sortir les gens de la rue, c’est l’habitation, croit M. Dorais. «On doit investir à la fois dans la construction, mais aussi dans la pérennisation de l’abordabilité», a-t-il fait valoir.

Chez Doris prévoit la mise en place de deux autres nouveaux services dans les prochains mois, dont un immeuble d’hébergement appartenant à la Société d’habitation de Montréal et qui doit être prêt en septembre. En 2025, une résidence de transition verra le jour sur la rue Saint-Hubert. Tous ces services sont destinés spécifiquement aux femmes en situation d’itinérance.

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