Soutenez

Yo les jeunes! Les politicien.ne.s s’essaient sur TikTok 

Faire de la politique sur TikTok est devenu un incontournable, mais il faut connaître les codes de la plateforme. Photo: Métro

Entre deux vidéos de chats et de tortilla challenge, les figures politiques tentent de faire leur place sur TikTok. Pour y arriver, encore faut-il maîtriser les codes de ce réseau social hyperpopulaire, ce que les partis n’ont pas encore tous compris. 

En pleine campagne électorale, chaque chef.fe ou parti provincial a son compte sur la plateforme, devenue «un outil important en communications», d’après l’expert TikTok Alexandre Turcotte, qui fait dans la consultation et la formation. Selon lui, il s’agit d’un médium où les politicien.ne.s peuvent rejoindre des jeunes adultes – davantage qu’avec la télévision ou Facebook –, les 18 à 34 ans y étant particulièrement présent.e.s.  

Pour Mireille Lalancette, professeure titulaire en communication politique à l’Université du Québec à Trois-Rivières, c’est important pour les personnalités politiques d’être sur TikTok «pour montrer qu’on est avant-gardiste, qu’on a compris les codes des médias sociaux numériques, qu’on a envie d’être sur ces plateformes et pour ne pas se faire doubler par des collègues». Plus qu’une façon de rejoindre l’électorat, c’est donc un moyen de dorer son image.  

Si ceux et celles qui briguent le poste de premier.ère ministre du Québec n’adoptent pas le langage ringard de Jocelyne, la psychologue de Radio Enfer, n’empêche que quelques flops prouvent que leurs équipes ont encore des croûtes à manger.  

Pas risible, mais pas bon non plus 

Sans voir d’échec lamentable de la part des politicien.ne.s au provincial, Alexandre Turcotte et Mireille Lalancette observent tout de même que certains comptes se débrouillent mieux que d’autres.  

Tous les deux feraient couler le cours TikTok 101 au Parti québécois, mené par Paul St-Pierre Plamondon, qui dépasse à peine les 1000 abonné.e.s sur la plateforme.  

«Ça fait vraiment piètre figure, se désole Alexandre Turcotte. C’est presque juste des vidéos de rassemblements où le chef serre des mains. Il n’y a aucun message, aucun engouement.» 

La professeure de communication politique abonde dans le même sens, soulignant que le compte devrait être au nom du chef plutôt que du parti (à l’exception de Québec solidaire, qui a des co-porte-paroles). «Pour le Parti québécois, on sent le manque de moyens et de connaissances des codes de la plateforme, malheureusement», analyse-t-elle. 

Quant à Dominique Anglade, à la tête du Parti libéral du Québec, elle rassemble à peine plus de 4000 personnes sur TikTok. Mireille Lalancette le dit sans détour: la politicienne «devrait changer de conseiller» parce qu’elle «rate une belle occasion d’aller chercher des gens en utilisant la plateforme à son plein potentiel». 

Il faut dire que les vidéos plus amusantes de madame Anglade sont celles qui récoltent le plus de visionnements, mais aussi celles qui provoquent le plus de commentaires négatifs, comme c’est le cas de sa vidéo de danse publiée avant le débat des chefs, jeudi soir. «Est-ce qu’il y a un peu de misogynie là-dedans? Peut-être», admet Alexandre Turcotte, en plaidant cependant que le compte «mériterait plus de considération» et devrait proposer des contenus qui semblent moins pensés «pour la télé», comme c’est le cas dernièrement.   

Premiers de classe 

Québec solidaire, dont Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé sont les co-porte-paroles, frôle les 60 000 abonnements sur la plateforme. Pour Mireille Lalancette, l’usage du compte est si exhaustif qu’elle pourrait le citer en exemple dans ses cours.  

L’expert TikTok estime lui aussi que l’équipe maîtrise bien la plateforme en offrant des contenus variés et en surfant sur des tendances. «Par exemple, ils ont fait une vidéo toute québécoise avec la chanson de Cornemuse où on les voyait aller cogner aux portes. C’était très bien fait! L’idée était excellente et les vues ont suivi.» 

Avis partagés 

Alexandre Turcotte n’a pas été séduit par le compte d’Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec, qui avait 8000 abonné.e.s au moment où le spécialiste TikTok a exploré la page. «Il fait des vidéos où il s’entraîne avec une vedette de lutte ou des vidéos avec son chien. C’est correct, mais où sont les idées et les arguments?» 

La stratégie du chef conservateur a toutefois été repensée ces dernières semaines et les résultats ont suivi: il a presque doublé son nombre d’abonnements.  

Mireille Lalancette estime d’ailleurs qu’il s’agit d’un des politiciens dont le compte est le plus réussi: «Il y a un équilibre entre l’humour et les idées, il a une bonne présence à l’écran, il y a des images léchées et une musique entraînante.» 

Quant à François Legault, le premier ministre sortant et chef de la Coalition avenir Québec est arrivé sur TikTok avec grand bruit l’an dernier et a depuis dépassé les 100 000 abonnements à son compte, ce qui en fait le plus suivi de la campagne. De l’avis d’Alexandre Turcotte, il est évident que son équipe de réseaux sociaux connaît bien la plateforme. 

Il est parfois un peu malaisant, mais François Legault est un chef de file en la matière. Il a profité de son statut de premier ministre: il a énormément d’abonnés et de gens qui interagissent avec ses contenus, donc beaucoup de vues sur ses vidéos.

Alexandre Turcotte, consultant et formateur TikTok 

Mireille Lalancette apporte cependant une nuance importante à cet enthousiasme: «François Legault utilise beaucoup l’humour et ses vidéos sont très courtes, donc pour moi, c’est plus une plateforme pour booster son image que pour transmettre son programme.» 

De manière générale, la professeure estime que la clé se trouve dans le respect des codes de la plateforme, «c’est-à-dire que le contenu doit être fait spécifiquement pour TikTok. Les dangers résident dans l’utilisation de mauvaises images et de mauvaise musique ou de faire des clips trop longs.» 

Ça, ça passe par une variété de contenus: des vidéos originales, d’autres qui participent à des tendances et certaines dans lesquelles on met en valeur les idées du parti, ce qui est crucial quand on veut faire passer un message.  

À voir si de vrais de vrais flops deviendront viraux d’ici la fin de la campagne électorale. Si l’algorithme ne nous les met pas de l’avant, on pourra toujours compter sur Infoman pour trouver quelques perles. 

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.