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Craintes d’un autre Flushgate : l’opposition s’alarme, la Ville tempère 

Waste pipe Photo: Métro

Il y a un an, le 11 novembre 2015, Montréal commençait à déverser 4,9 milliards de litres d’eaux usées non traitées dans le fleuve Saint-Laurent. La Ville affirme avoir fait ses devoirs depuis, ce que l’opposition met en doute, en évoquant la possibilité d’un autre déversement l’an prochain.

Projet Montréal a notamment réclamé, jeudi, que l’administration du maire Denis Coderre rende public un plan global destiné à soulager le réseau d’égouts et éviter les débordements. La Ville élabore actuellement un Plan directeur de drainage, pour capter les eaux de ruissellement à l’aide de divers structures ou aménagements, comme des bassins de rétention, des aires de biorétention ou de toits verts.

Toutefois, le plan représente un «travail colossal sur plusieurs années», a indiqué le vice-président du comité exécutif de Montréal, dans un communiqué. Harout Chitilian a ajouté que deux bassins de rétention sont terminés et que quatre autres sont en construction.

La rivière des Prairies

Selon Projet Montréal, le maire Coderre a laissé planer le spectre d’un autre grand déversement en évoquant, le mois dernier, que des travaux de réfection pourraient toucher les égouts collecteurs dès 2017. « L’administration Coderre semble obscure à propos de quand et où aura lieu le prochain déversement, mais aussi à propos des mesures de mitigation», a dénoncé le porte-parole de l’opposition en matière de développement durable, Sylvain Ouellet.

M. Ouellet s’inquiète notamment de l’éventualité de travaux à l’intercepteur nord qui mèneraient, cette fois, à un déversement dans la rivière des Prairies. Le déversement dans le fleuve survenait en raison, notamment, de travaux à l’intercepteur sud-est, un long tuyau de 30 km, qui achemine les eaux usées d’une dizaine d’arrondissements vers la station d’épuration Jean-R. Marcotte, à Pointe-aux-Trembles.

« Le long de la rivière des Prairies, c’est très résidentiel. Il y a aussi beaucoup moins de débit que dans le fleuve, alors l’argument de la dissolution n’est pas là. En plus, il y a le barrage d’Hydro-Québec », a fait valoir M. Ouellet.

Sans exclure la possibilité d’un autre déversement planifié l’an prochain, Harout Chitilian a reproché à l’opposition de faire de la «désinformation pour faire peur aux Montréalais». Dans son communiqué, il a assuré que tous les suivis ont été faits, que ce soit aux recommandations de février dernier du Service de l’eau ou aux exigences imposées il y a un an par la ministre fédérale de l’Environnement. Il a aussi mentionné que 10 000 analyses de l’eau ont été faites depuis le déversement, la dernière remontant à juin dernier.

M. Chitilian n’était pas disponible pour une entrevue.

Un moindre mal 

Selon une professeure agrégée en génie civil à Polytechnique Montréal, un autre déversement planifié pour des travaux majeurs reste moins dommageable que de laisser les infrastructures se dégrader ou vivre un déversement non planifié, comme celui qui a tué des milliers de poissons à Saint-Hyacinthe, en juillet.

«Oui, ce n’est pas souhaitable d’avoir d’autres déversements, mais il faut minimiser l’impact global et les risques à l’environnement. Si on ne répare pas, il y a toujours un risque d’avoir un déversement non planifié. Si on peut planifier la réparation, on peut choisir la période de l’année où il y aura moins d’effets pour les espèces aquatiques et les usagers», illustre la titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la dynamique des contaminants microbiens dans les sources d’approvisionnements en eau, Sarah Dorner.

D’après les analyses rendues publiques par le Service de l’eau en février, la contamination du fleuve Saint-Laurent a évidemment augmenté, mais est redescendue à son état initial en quelques jours. Aujourd’hui, il serait impossible de distinguer cette source de contamination des rejets qui arrivent plus fréquemment de plusieurs sources, indique Mme Dorner.

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