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Le registre des punaises de lit est-il nuisible?

En juillet 2015, Lucien Dubé, président de On Flair – une entreprise spécialisée dans la détection des punaises par des chiens renifleurs –, a fait inspecter tous les matelas abandonnés sur un territoire couvrant 20% de l’arrondissement de Verdun. «En seulement deux semaines, on a trouvé 58 matelas infestés. Pourtant, le registre officiel n’a enregistré que 56 cas pour tout l’arrondissement, et durant toute l’année 2015.»

En extrapolant à partir de sa découverte sur une année complète et sur tout le territoire de Verdun, M. Dubé arrive à un taux d’infestation de 2,29% des ménages, soit 32 fois plus que ne le laisse penser le registre montréalais. «Notre expérience met en relief la disparité des chiffres entre le registre officiel des punaises de lit de la ville-centre et la réalité. Ce registre est décrié depuis plusieurs années par tous les professionnels de l’industrie de la gestion parasitaire comme étant un outil pratiquement inutile pour contrer l’invasion progressive des punaises de lit», écrit M. Dubé dans son rapport.

Preuve que la situation s’aggrave, selon lui, le même échantillonnage réalisé en juillet 2016 a permis de trouver 119 matelas infestés, soit deux fois plus. «Malgré toutes les informations qui indiquent la reprise d’une infestation majeure, le problème ne suscite que de très peu d’intérêt auprès du public et du gouvernement municipal ou provincial», conclut le président de On Flair.

La Ville ne comprend pas que l’étude ait un ton à ce point alarmiste. «C’est vrai que le registre officiel ne recense pas tous les cas d’extermination», convient néanmoins Karine  Boivin-Roy, l’élue responsable du volet salubrité de l’habitation. Elle invoque notamment le fait que certains exterminateurs ne déclarent pas leurs interventions, même si c’est obligatoire, ou le fait que le registre ne couvre pas les infestations dans les immeubles non résidentiels comme les hôpitaux, les cinémas et les bibliothèques.

«Nos données ainsi que celles de la Direction de la santé publique n’indiquent aucune aggravation de la situation et pointent plutôt vers une stabilisation», ajoute-t-elle en citant plusieurs failles méthodologiques dans l’étude de On Flair. «Un matelas n’égale pas un logement contaminé. Une déclaration dans le registre officiel peut couvrir des interventions dans plusieurs logements à la fois et on ne peut pas extrapoler à partir de deux semaines d’observation durant le pic d’infestation sur toute une année», souligne Mme Boivin-Roy.

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