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Comment assurer la parité homme-femme dans les instances publiques?

Photo: Getty Images/iStockphoto

L’année 2017 a permis à des femmes d’accéder à des postes qu’aucune autre n’avait occupé auparavant, brisant du même coup un plafond de verre. Si la présence des femmes dans les plus hautes instances est de plus en plus encouragée, les moyens proposés pour assurer la parité ne font pas consensus.

En novembre dernier, la chef de Projet Montréal, Valérie Plante, est parvenue à déloger le politicien de carrière Denis Coderre à la mairie de Montréal. Son élection a retenue l’attention au Canada, mais aussi à l’étranger. Et pour cause: elle est la première femme à diriger la plus grande ville du Québec.

«Les attentes envers moi sont énormes, a lancé Mme Plante en entrevue à Métro. Je le sais. Je ne le dis pas pour être victime. Je l’assume.»

La nouvelle mairesse est très sensible aux enjeux liés à la parité homme-femme dans les instances de pouvoir. Elle a d’ailleurs formé un comité exécutif parfaitement paritaire pour diriger la métropole. Pour s’assurer que les femmes soient présentes dans les hautes sphères, elle préconise des «gestes concrets». Elle a rapporté qu’au sein de sa formation politique, il existe «une cagnotte» servant à aider des candidats aux élections qui peinent à se faire élire, comme des femmes ou des membres de la diversité culturelle.

«J’ai profité de la cagnotte en 2013, a-t-elle mentionné. Quand je suis devenue chef de parti, je me suis dite que j’avais des contacts et que je mettrais plus d’argent dans la cagnotte pour aider plus de femmes.»

Et selon elle, cette cagnotte a donné des résultats puisque le nombre de mairesses montréalaises a doublé de 2013 à 2017, passant de quatre à huit. Cinq d’entre elles ont été élues sous la bannière de Projet Montréal.

La nouvelle ambassadrice du Canada à Paris, Isabelle Hudon, privilégie aussi l’action. «L’idée, c’est d’inspirer les leaders d’aujourd’hui à poser des gestes pour changer la direction de demain, a expliqué celle qui est la première femme à occuper ce poste dans la diplomatie canadienne. La cause des femmes, c’est la cause des femmes leaders mais aussi des hommes parce que ce sont encore majoritairement des hommes qui sont dans des places de leadership. On a besoin de les voir reconnaître le besoin d’agir et de passer à l’action.»

La nouvelle ambassadrice s’est elle-même promis de poser un geste à tous les jours pour la cause des femmes «peu importe où [elle se] trouve sur la planète». «Il ne s’agit pas d’organiser un congrès mondial, mais de prendre un appel d’une jeune femme ou de nommer des situations où la parité n’est pas là alors qu’elle devrait l’être, a-t-elle mentionné. Ça fait trois semaines que je suis à Paris [au moment de l’entrevue, à la mi-décembre] et je peux me donner 6 sur 7.»

Isabelle Hudon a également obtenu la permission du gouvernement de Justin Trudeau de poursuivre son engagement au sein de L’Effet A, cette initiative qu’elle a contribué à mettre sur pied pour encourager les jeunes femmes à gravir les échelons.

Quant à l’idée d’instaurer des quotas pour assurer la représentativité féminine au sein des instances de pouvoir, Mme Hudon s’y oppose.  «On peut facilement s’endormir une fois que les quotas sont en place», a-t-elle lancé. Un avis que ne partage pas Valérie Plante.

«Je vois [les quotas] positivement, mais pour que ce soit accepté, il faut qu’il y ait de la sensibilisation et de la communication.» -Valérie Plante, mairesse de Montréal

La journaliste et auteure Pascale Navarro est du même avis. Selon elle, la parité homme-femme doit être atteinte plus rapidement dans les instances de pouvoir.

«Il faut une loi qui oblige toutes les instances politiques, donc partout où se prennent les décisions, les partis et les gouvernements, à présenter et à nommer 50% d’hommes et 50% de femmes. Il n’y a pas d’autres façons de le faire. On est dans un pays égalitaire et on n’est pas capable d’y arriver.» – Pascale Navarro, journaliste et auteure

Dans le projet de loi que Pascale Navarro a en tête, toutes les organisations, qu’elles soient publiques ou privées, et même les entreprises et les industries qui reçoivent un financement public, seraient dans l’obligation d’avoir autant d’hommes que de femmes à leur tête.

«Même Justin Trudeau, je lui conseillerais de faire une loi sur la parité, a dit Mme Navarro, reconnaissant du même souffle la sensibilité du premier ministre canadien à cet enjeu. Il a décidé d’avoir un conseil des ministres paritaire, mais si c’est un premier ministre conservateur et qu’il s’en fiche, il n’y en aura pas de parité, a-t-elle dit. Il faut que ça soit institutionnalisé. Il n’y a pas d’autres façons. Sinon, c’est soumis à la bonne volonté des dirigeants.»

Le Groupe Femmes, Politique et Démocratie croit aussi qu’une loi s’impose. La directrice générale de l’organisme d’éducation populaire, Esther Lapointe, a expliqué que cette législation devrait contraindre les formations politiques, qu’elles soient municipale, provinciale ou fédérale, à présenter autant de candidatures d’hommes que de femmes afin qu’au lendemain des élections, les assemblées présentent une «zone paritaire» oscillant entre 40% et 60% pour chaque genre.

«Dans toutes les instances de pouvoir publiques, il devrait y avoir une parité hommes-femmes, a indiqué Mme Lapointe. C’est juste une question de volonté politique quand il y a des nominations.»

Le Groupe Femmes Politique et Démocratie est convaincu que la parité homme-femme sera l’un des enjeux de la prochaine campagne électorale provinciale, prévue l’automne prochain. «Les partis politiques nous ont déjà approchés pour trouver des candidates, a rapporté Esther Lapointe. On leur a dit que des Valérie Plante, il y en a beaucoup au Québec.»

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