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Valérie Plante: «Il ne faut pas que Québec impose sa vision de la métropole»

Photo: Patrick Sicotte/Métro

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a décidé de présenter de grands axes aux partis politiques provinciaux plutôt qu’une traditionnelle liste de demandes. Métro s’est entretenu avec elle pour connaître sa vision de la campagne électorale et savoir comment elle voyait sa relation avec le prochain gouvernement.

Dans la campagne, tout le monde a présenté son propre plan de transport. Comment on va arriver à s’entendre?
Est-ce que ce n’est pas impressionnant? Moi, je capote. Il y a 10 ans, on n’aurait jamais eu une campagne provinciale où toutes les villes disent : «On veut du transport collectif.» Certains diront : «Mme Plante, maintenant que tout le monde en veut, comment allez-vous tirer votre épingle du jeu?» Pour moi, un projet de transport collectif, peu importe où il est, demeure une excellente idée. J’ai ma conception de ce qui est prioritaire, mais si Longueuil se retrouve avec un prolongement de la ligne jaune, ou s’il y a un tramway, ce sera une excellente nouvelle, parce qu’on ne peut pas continuer dans le système actuel où il y a toujours plus de voitures sur nos routes.

On dirait qu’à Québec on ne parvient jamais à aller à 100 % dans cette direction. On prolonge le métro et ensuite une autoroute. Ça ne vous déçoit pas un peu?
Ben oui. (Soupir) Quand j’entends pendant la campagne électorale que c’est soit la ligne rose, soit autre chose. Pourquoi on ne peut pas penser des projets en termes d’agglomération? On est toujours dans une logique d’un projet à la fois. Et parce que ça prend du temps, les autres axes sont embourbés.

«On fait comme si c’était une fuite d’eau : on met un doigt pour la boucher, pis un autre, pis un autre.» – Valérie Plante, mairesse

François Legault a dit qu’il préférait appuyer des projets de transports en banlieue plutôt que la ligne rose. Craignez-vous un futur gouvernement qui n’appuierait pas votre projet, au profit des banlieues?
Je ne connais pas la stratégie de M. Legault, mais je vais continuer à défendre la ligne rose bec et ongles, peu importe qui prend le pouvoir. Je vais avoir beaucoup d’arguments pour que ce projet soit considéré comme il est, c’est-à-dire du développement de transport, économique, social et du territoire.

Le tramway de l’est, comme le proposent la Coalition avenir Québec et le Parti québécois, c’est une bonne idée?
Absolument! Que ça soit sur Notre-Dame, mais que ça aille dans la couronne nord, par exemple à Repentigny, c’est super pertinent. Je le vois comme un projet qui réunit des besoins de la Rive-Nord avec des besoins de Montréal.

Vous avez demandé que les édifices gouvernementaux paient 100% de leurs taxes foncières plutôt qu’une compensation qui varie de 25 à 80% de la valeur. Vous n’allez pas vous faire beaucoup d’amis à Québec avec ça…
Est-ce qu’on se fait des amis à Québec? Je ne sais pas, mais je ne suis pas la seule à le demander. C’est une revendication de l’Union des municipalités du Québec [UMQ].

Les villes souhaitent aussi un transfert de la TVQ. Ça semble plus acquis, mais pour la taxe foncière, on n’a pas entendu les chefs se prononcer…
On en a moins entendu parler et même le point sur la TVQ, j’aimerais ça le réentendre.

Je souhaite que pendant la campagne électorale, les différents chefs réitèrent leur appui, comme ils l’ont fait à la clôture des assises de l’UMQ. Je veux être certaine qu’ils embarquent pour vrai. Je m’attends à ce que les partis politiques et les chefs réitèrent leur volonté ferme de donner d’autres sources de revenus [aux villes].

C’est la première élection depuis le statut de métropole. Qu’est-ce que ça change pour Montréal?
Ce à quoi on s’attend, c’est un rapport d’égal à égal. Ça veut dire qu’on ne prend pas de décisions pour Montréal sans consulter, sans entendre les arguments, que ce soit pour le développement du territoire ou du transport collectif. Il ne faut pas que Québec impose sa vision de la métropole.

Avec la CAQ en avance dans les sondages, beaucoup de gens croient que vous et François Legault, ça va clasher, que vous n’avez pas la même vision…
Il y a un élément sur lequel M. Legault et moi on se rejoint beaucoup, mais on n’a pas la même façon de l’appliquer, et c’est le développement économique. Si on veut un développement économique fort, le défi du Québec dans les prochaines années, c’est la main-d’œuvre. Honnêtement, j’espère que ça va être un sujet des élections.

Pour moi, la façon d’y remédier, c’est que tout soit mis en place pour faciliter l’accès à l’emploi, entre autres pour les nouveaux arrivants. M. Legault a peut-être sa perception pour soutenir les entreprises et le développement économique, mais on ne peut pas mettre de côté la notion de main-d’œuvre. C’est fondamental.

«Je m’attends à ce que le parti qui va prendre le pouvoir se rappelle que, non pas je, mais nous sommes la métropole, soit 55 % du PIB du Québec.» – Valérie Plante, mairesse

Vous dites être prête à travailler avec tout le monde, mais quel serait le gouvernement du Québec idéal? Celui qui vous laisse tranquille?
(Rires) Honnêtement, ce à quoi je m’attends, c’est que le gouvernement en place respecte la légitimité et l’autonomie des villes. On ne veut pas nommer un roi ou une reine, on veut nommer un premier ministre, ce n’est pas pareil.

On pourrait avoir un parti au pouvoir qui n’a pas de députés sur l’île. Ça vous inquiéterait?
On est la métropole, donc on souhaite avoir des élus du parti au pouvoir, c’est normal. Sans vouloir minimiser l’importance des autres villes, l’apport économique et la renommée à l’international passent beaucoup par Montréal. On ne peut pas nier ces éléments. Si on n’avait pas de personnes du coin au Conseil des ministres, le dialogue serait plus difficile. La personne qui aspire à devenir le premier magistrat du Québec doit absolument entendre tous les Québécois et Québécoises. Ça inclut la métropole du Québec, et ça, c’est Montréal.

Savez-vous déjà pour qui vous allez voter?
Non, je n’ai pas pris de décision. J’étais en élection l’année passée et je regarde la campagne d’un œil complètement différent. J’ai décidé d’être très ouverte et de regarder ce que je juge le plus pertinent pour moi et pour les Montréalais et Montréalaises. C’est difficile d’enlever mon chapeau de mairesse.

La «revalorisation» du recyclage

Il y a un bon enjeu au niveau recyclage qui devient difficile à Montréal. Là-dessus quelles sont vos attentes?
Nos demandes, c’est de revoir de fond en comble notre système de revalorisation, et réduire notre vulnérabilité. On est vulnérable à cause d’une façon de faire du recyclage qui nous tient liés à certains contrats ou à certains équipements, et ça ne marche juste pas. Quand j’entends qu’il y a des municipalités qui sont obligées d’enfouir, pour moi, ça n’a pas de sens qu’on retourne à cette époque. Il y a urgence d’agir et j’aimerais beaucoup que les partis se positionnent.

Mais ça passe par quoi concrètement? Un nouveau centre de recyclage à Montréal financé par Québec?
Tout est possible, parce qu’on voit que partout dans le monde il y a de nouvelles technologies qui se développent. Juste ici, il y a une usine qui vient d’ouvrir et qui recycle le polystyrène [Polystyvert, à Anjou].

On n’est pas encore à ramasser le polystyrène de tout Montréal…
C’est sûr, mais pourquoi pas. Ce que je vois d’intéressant là-dedans, c’est l’innovation. Si on était capable au moins de se donner un plan d’action et une étude des pratiques de revalorisation.

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