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La région montréalaise bonne élève en matière de densification urbaine

Le centre-ville de Montréal
Photo: Mario Beauregard/Métro

Même si 260 000 nouveaux ménages sont attendus dans les 82 municipalités du Grand Montréal d’ici 2031, la région a les terrains pour en accueillir 410 000 sans avoir à gruger plus sur ses terres agricoles inutilisées.

C’est ce qui ressort du bilan des six années d’existence du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) de la région métroplitaine présenté mercredi. Cet outil de planification vise à développer la région en créant des quartiers plus densément peuplés, bien desservis en transport en commun, le tout sans dézoner de terres agricoles ou empiéter sur les milieux naturels.

«Les résultats sont là», a lancé la présidente de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) et mairesse de Montréal, Valérie Plante, tout en soulignant qu’il reste des défis à surmonter. Sur le plan de la densification du logement, les résultats sont positifs. Ainsi, en 2017, les appartements ont représenté 81% des mises en chantier dans les 82 municipalités de la CMM, contre 41,5% en 2002. À l’inverse, les mises en chantier de maisons individuelles, synonymes d’étalement urbain, ne représentent plus que 9,6% des mises en chantier (contre 50,3% en 2002).

De plus, 40% des nouveaux ménages se sont installés dans une des 155 aires TOD (Transit oriented développement), des secteurs d’habitation denses, construits autour de pôles de transport en commun. «C’est bien, mais il faudra maintenant atteindre la cible de 60%, car c’est à partir de là qu’on peut renverser la tendance à l’étalement urbain», a souligné Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.

Ce dernier souligne que certaines municipalités avancent encore à contre-courant, même si ce n’est pas dévoilé sur la place publique. Par exemple, la Ville de Deux-Montagnes n’a toujours pas fait concorder son plan d’urbanisme aux objectifs du PMAD et Mirabel voudrait installer une gare en zone agricole.

Autre défi à relever: la création de zones protégées. Si 886 hectares ont été ajoutés à la liste, la CMM est encore loin de la cible de 17% pour 2031 (10% actuellement). «Le PMAD a de bons objectifs pour protéger les milieux naturels. Il faut désormais qu’on se donne les ressources financières et les outils réglementaires pour le mettre en œuvre», a déclaré par communiqué Coralie Deny, directrice générale du Conseil régional de l’environnement de Montréal.

Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent et ancien responsable de l’environnement au moment de l’adoption du PMAD en 2012, croit de son côté qu’il faudrait aussi pouvoir protéger les petits boisés ou les corridors de biodiversité afin d’empêcher leur disparition, tout en contribuant à créer une trame verte.

Ces propositions seront certainement à l’ordre du jour de l’Agora métropolitaine qui se tiendra les 18 et 19 octobre à la Tohu. «Pour les élus, ce sera l’occasion de débattre avec les citoyens et la société civile pour en arriver à un PMAD qui nous ressemble», a mentionné Florence Junca-Adenot qui coprésidera l’événement avec Jérône Normand, le président de la commission de l’aménagement de la CMM.

Le chercheur de L’ESG-UQAM, Luc Normand Tellier ne partage pas cet optimisme de la CMM. Dans les pages Idées du quotidien Le Devoir il souligne au contraire que la population de la deuxième couronne montréalaise (la plus éloignée) a augmenté de 19,2%, alors que celle de la ville centrale n’a augmenté que de 5,9%, souligne-t-il avant de mentionner que «la limite métropolitaine entre l’urbain et le rural s’est déplacée vers l’extérieur et a englobé une superficie additionnelle de 188 kilomètres carrés, ce qui représente une superficie égale à 65 % de celle de la ville centrale (ce qui est énorme, en seulement dix ans)».

L’urbaniste et ancien élu montréalais, Richard Bergeron arrive relativement à la même conclusion dans une étude comparative sur la densification urbaine à Toronto et Montréal présentée cet été. «Les municipalités situées à l’intérieur du périmètre (du PMAD) ont des obligations auxquelles échappent celles situées au-delà (…) La concurrence entre municipalités pour attirer le développement est ainsi biaisée en faveur de celles situées hors périmètre qui offrent plus de liberté d’aménagement à leurs futurs résidents en leurs offrant des comptes de taxes moins élevés», écrit-il. À Toronto par contre, l’existence d’une ceinture verte non construite évite ce genre de concurrence directe aux frontières du territoire.

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