Nouveau déversement de carcasses d’animaux à RDP
Un camion transportant des carcasses et abats d’animaux appartenant à la compagnie Sanimax a perdu une grande partie de son contenu sur le boulevard Henri-Bourassa, mardi soir. Une situation récurrente qui exaspère les résidants de Rivière-des-Prairies.
Des milliers de carcasses et d’abats se sont déversés dans la soirée du 23 octobre, vers 20h, au coin de l’avenue Armand-Chaput.
«Il y avait tellement de carcasses qu’ils ont ramené un bulldozer pour ramasser», rapporte Joseph Paglia, un résidant de la Pointe-aux-Prairies qui a été témoin de la scène alors qu’il revenait d’une pratique de hockey, vers 21h20.
«Il y avait des carcasses partout, jusqu’à 40 pieds devant le camion», ajoute M. Paglia, qui a pris le temps de capter des vidéos et de nombreuses photos qui documentent une scène qui donne le haut-le-cœur.
Le témoin explique que le SPVM a fermé une voie pour faciliter les opérations de nettoyage de l’artère.
«Les carcasses n’étaient pas dans une benne fermée. Il y avait juste une toile. Les carcasses ont même tapé la vitre arrière de la cabine du chauffeur, il y en avait à l’intérieur» rapporte M. Paglia, qui mentionne aussi avoir eu «l’odeur dans le nez jusqu’à 2h du matin».
Deux autres témoins, qui préfèrent taire leurs noms, racontent avoir constaté plusieurs autres incidents du genre au cours de la dernière année, mais jamais de cette ampleur.
En février dernier, des photos montrant des carcasses suspendues à des bennes de camion en marche avaient circulé sur la toile, tandis qu’un déversement avait déjà été constaté sur Maurice Duplessis en mai 2017.
À la suite de cet incident, l’ancienne mairesse de Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, avait réclamé de Sanimax un «plan d’action concret à court terme» afin de régler les conflits juridiques entre la Ville et l’entreprise. Entre autres, Montréal veut obliger Sanimax à couvrir tous ses camions, ainsi que ceux de ses fournisseurs, ce que conteste l’entreprise devant les tribunaux.
Un accident de circulation
Éric Caputo, le directeur général de l’entreprise Sanimax, admet l’incident de mardi et explique qu’il a été provoqué par un accident de la circulation. Cette affirmation a été confirmée par le poste 45 du SPVM, qui mentionne par ailleurs que le véhicule de Sanimax n’est pas en tort dans cet incident de circulation.
«On est rentré dans le camion, et le chauffeur est à l’hôpital. Il est blessé à l’épaule. Il va s’en sortir, il n’y a pas de problème, mais il va être en arrêt de travail quelque temps», a-t-il mentionné.
«Nos équipes ont tout ramassé en 2h30», a déclaré le cadre de la compagnie.
Éric Caputo ne cache pas que des incidents du genre se répètent, mais tempère l’ampleur du phénomène.
«Nous avons environ 25 000 transports par an et 99,8% de ces transports se déroulent sans le moindre problème», a-t-il assuré.
De nombreuses plaintes
Sanimax est spécialisée dans la récupération d’huiles de cuisson usées, de sous-produits de viande et d’animaux, d’animaux morts à la ferme, de peaux et de matières organiques.
La compagnie est l’objet de plaintes depuis plusieurs années en raison des odeurs qui émanent de son usine, située boulevard Maurice-Duplessis, et des pertes de carcasses ou d’abats sur la voie publique. L’année dernière, en pleine campagne électorale, la ville de Montréal avait autorisé le recours à l’injonction pour entre autres forcer Sanimax à résoudre le problème des mauvaises odeurs.
Le sujet est revenu sur la table lors du dernier conseil municipal, tenu deux jours avant le dernier déversement de carcasses constaté. Le conseiller de ville Giovanni Rapanà avait alors appelé «les trois paliers de gouvernement» à s’unir afin «de trouver une solution permanente à ce problème qui ne peut que passer par le déménagement de cette entreprise».
Malgré cette intervention, Joseph Paglia regrette le manque de réactivité des pouvoirs publics dans cette situation.
«M. Rapanà peut faire des interventions, mais concrètement, qu’ont-ils fait pour régler cette situation?», s’est-il interrogé.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, n’a pas voulu commenter le dossier, puisque «le dossier est devant la cour». Toutefois, elle a soutenu que «le développement économique a besoin d’avoir une valeur ajoutée et de convenir aux besoins des personnes aux alentours». «J’aimerais vous dire que nous allons agir tout de suite, mais nous devrons attendre la fin des procédures judiciaires», a-t-elle affirmé.
«C’est une situation inacceptable«, s’est contentée de commenter la mairesse suppléante de l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Suzanne Décarie.
Discrète en raison de la procédure judiciaire en cours, Suzanne Décarie a néanmoins appelé les citoyens à alerter les médias sur les déversements de carcasses.
Face à ces critiques récurrentes, Éric Caputo rappelle que l’entreprise «est considérée par décret comme un service essentiel».
Il ajoute que l’entreprise respecte toutes les lois en vigueur au sujet des transports et qu’elle investit 5M$ par an pour améliorer son service.
Éric Caputo assure également que les chauffeurs reçoivent chaque année des formations pour améliorer les transports.
Outre le problème des odeurs et des carcasses sur la route, la compagnie a été reconnue coupable d’avoir émis des agents polluants dans l’atmosphère par la cour municipale de Montréal en septembre dernier.