Itinérance: un «plan B» est déjà envisagé en cas de débordement
Alors que la nouvelle unité de débordement aménagée dans l’ancien hôpital Royal Victoria a accueilli une soixantaine de personnes itinérantes mercredi, la nouvelle ministre de la Santé se prépare déjà à l’éventualité que cette initiative ne soit pas suffisante pour accueillir tous les sans-abris en période de grand froid.
Jusqu’au 15 avril, 80 lits disposés dans les chambres du pavillon Ross, au troisième étage de l’ancien hôpital de Ville-Marie, seront disponibles chaque nuit pour les sans-abris de la métropole. Chacune de ces chambres est munie d’anneaux afin de permettre aux propriétaires d’un animal de compagnie d’attacher celui-ci à côté de leur lit.
En conférence de presse jeudi, la ministre de la Santé et des services sociaux, Danielle McCann, n’a pu confirmer si cette initiative sera réitérée l’hiver prochain, mais elle a assuré que de nouvelles ressources seront déployées si les 80 lits de cette unité de débordement ne suffisent pas à répondre à la demande cet hiver.
«C’est sûr que s’il y a un besoin additionnel, on va y répondre», a-t-elle déclaré jeudi, sans indiquer où cet autre refuge temporaire serait aménagé à Montréal.
Le président-directeur général de la Mission Bon Accueil, Samuel Watts, un des partenaires dans ce projet, a quant à lui indiqué qu’un «Plan B» était déjà prévu dans le cas d’un manque d’espace pour accueillir toutes les personnes itinérantes en période de grand froid, ajoutant que cette ressource serait essentiellement dédiée aux femmes.
«Un tour de force»
Mardi soir, lors de la première nuit d’ouverture de ce refuge temporaire, 31 personnes avaient été accueillies sur place, dont une majorité d’hommes, mais également quelques femmes qui ont dormi dans une aile du pavillon leur étant dédiée.
«Il fait très froid aujourd’hui et il fera très froid dans les prochains jours. C’est une épreuve difficile pour les personnes dans la rue […] La mesure annoncée aujourd’hui vise à permettre à toutes les personnes sans-abris d’avoir un toit en période de grand froid», a souligné Mme McCann, alors que le mercure frôlait les -20°C jeudi.
Cette unité de débordement, à laquelle les sans-abris accèdent grâce à la navette de la Mission Old Brewery lorsque les quelque 1000 lits offerts dans les refuges de la métropole sont occupés, a été créée en une trentaine de jours.
«C’est un tour de force qui indique notre capacité à agir rapidement», s’est réjouie la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Ce projet, réalisé en collaboration avec le CIUSSS Centre-Sud et des organismes de la métropole, a nécessité des investissements conjoints de 200 000$.
Itinérance chronique
La mairesse de Montréal a par ailleurs rappelé l’importance de mettre en place des mesures à plus long terme pour prévenir l’itinérance, un problème soulevé à Métro mercredi par deux organismes intervenant auprès des personnes itinérantes dans la métropole.
«L’itinérance devrait être éradiquée à la source et pour nous, ça passe beaucoup par l’habitation», a soulevé Mme Plante, ajoutant que son administration entend développer 6000 logements sociaux d’ici la fin de son mandat en 2021, dont 950 «qui seront dédiés aux personnes en situation d’itinérance».
«Une ressource comme celle-ci, temporaire, vient répondre à un besoin ponctuel important […] Le dénombrement des personnes itinérantes va nous permettre d’ajuster les ressources au besoin», a quant à elle affirmé la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, qui a également indiqué que l’accès au logement était pour elle «une priorité».
En 2015, la Ville de Montréal avait estimé que le nombre de sans-abris représentaient 3016 personnes à Montréal. Les résultats du dénombrement réalisé l’an dernier seront connus dans les prochaines semaines.