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Des chauffeurs d’autobus déplorent que la CSDM «ne comprenne pas leur réalité de pénurie»

Photo: Archives Métro

Un syndicat de chauffeurs d’autobus scolaires condamne que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) avec qui il fait affaire «ne comprenne pas sa réalité», soit une «énorme» pénurie de main-d’œuvre qui menace de déclencher une crise du transport d’écoliers.

Le 4 avril dernier, la commission scolaire montréalaise a envoyé une mise en demeure à Autobus Transco pour lui signifier une possible «fin de contrat». L’avocat Jessy Authier-Lanctôt, qui représente la CSDM, mentionne dans le document dont Métro a obtenu copie que le transporteur aurait «omis d’utiliser le nombre de véhicules requis en vertu du contrat, n’aurait pas respecté les horaires […] et aurait, en plus d’avoir procédé à des jumelages de parcours sans autorisation, facturé des parcours qui n’ont pas été effectués».

Appelée à réagir, la présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Transco, Carole Laplante, dit vouloir remettre les pendules à l’heure. «On nous reproche plusieurs choses, mais la réalité, c’est que tout ça vient du fait que des conducteurs d’autobus au Québec, il n’y en a plus, explique-t-elle à Métro. Il y a des parcours où personne ne peut répondre à la demande. Qu’est-ce qu’on fait quand on manque de chauffeurs? On double nos routes. C’est la seule façon de faire.»

C’est sur ce point qu’accroche précisément la CSDM, d’après Mme Laplante. «La commission scolaire n’est pas contente, parce que ça peut causer des retards sur ses parcours. Or, ce sont des retards mineurs et c’est mieux ça que de laisser des enfants sur le bord du chemin», insiste-t-elle.

«Le réel problème, ce n’est pas qu’il y ait des absences, mais plutôt le fait que notre employeur, bien malgré lui, ne dispose pas de remplaçantes ou remplaçants pour faire face à ces absences […]. C’est carrément insultant d’être pris au piège de la sorte.» -Carole Laplante

La leader syndicale estime que l’administration de la commission scolaire «refuse de comprendre le problème». «Ils sont très conscients du fait qu’on manque de chauffeurs, on en parle partout au Québec. Alors pourquoi s’acharner? J’ai du mal à comprendre, surtout que ce ne sera pas mieux ailleurs ; on est en pénurie partout», avance-t-elle.

Même son de cloche pour le président du secteur du transport scolaire à la Fédération des employés des services publics, Stephen P. Gauley, qui soutient que ses membres sont «témoins à chaque semaine de problèmes en lien avec la rareté de main-d’œuvre». «Les employeurs, et ce n’est pas de leur faute, n’ont tout simplement pas de remplaçants pour faire face aux divers congés normaux, qu’ils soient pour maladie ou pour d’autres raisons fondées. Ce faisant, des salariés se présentent au travail malades, des cadres doivent prendre le volant, des parcours doivent être doublés ou peuvent ne pas être faits», considère-t-il.

Des écoles affectées, plaide la CSDM
Dans sa mise en demeure, la CSDM explique qu’en plus de «conséquences financières», les manquements de Transco ont «affecté négativement les activités de quelques écoles touchées».

La commission scolaire ajoute qu’elle «n’entend plus tolérer ce genre de situation qui perdure depuis trop longtemps».

«Depuis plus de 18 mois, la CSDM connaît des difficultés avec ce transporteur. Le taux d’absentéisme sur les circuits de la CSDM varie entre 15 et 20%. Cela a des répercussions sur nos circuits scolaires», a précisé à Métro le porte-parole de la CSDM, Alain Perron.

«À chaque retard, ce sont nos élèves qui subissent les contre coups de l’inefficacité de l’entreprise à pallier au manque de conducteurs. Dans certaines situations, les retards aux écoles se sont avérés importants, soit plus de 30 minutes. […] L’aspect de la sécurité nous préoccupe énormément.» -Alain Perron

La directrice régionale de Transco Laurie Henner – à qui la mise en demeure était directement destinée – reconnait aussi l’existence du problème, dans une lettre envoyée à ses employés le 5 avril. Elle demande que tous les chauffeurs «réfléchissent à leur propre situation et fassent des choix appropriés». Autrement, selon elle, «garder le statu quo va entraîner des conséquences, comme le retrait de circuits».

«Plusieurs d’entre vous nous ont déjà aidé cet hiver en modifiant ou repoussant des vacances, faisant des circuits additionnels ou encore en changeant des dates de rendez-vous médicaux. Nous remercions grandement ces chauffeurs. […] Il est important que nous travaillions ensemble, pour la pérennité de notre entreprise», renchérit-elle.

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